La direction de la compagnie a qualifié ce débrayage d'illégal car, relève-t-elle, "il ne satisfait pas les conditions légales relatives à l'annonce d'une grève, d'autant plus que celle-ci a été déclenchée sans préavis. Le trafic aérien en Algérie a été perturbé, hier, à travers l'ensemble des aéroports du pays, suite au mouvement de grève illimitée enclenché par le personnel de la maintenance affilié au Syndicat des techniciens de la maintenance des avions (SNTMA). La compagnie annonçait, hier matin dans un communiqué, que "des perturbations toucheront l'ensemble des vols d'Air Algérie sur les réseaux domestique et international suite à une grève du personnel de la maintenance (...) enclenchée durant la nuit du 24 au 25 octobre". Le tribunal de Dar El-Beïda, saisi par la direction de la compagnie aérienne, a finalement jugé cette grève illégale. Contrairement aux lignes internationales où l'essentiel des départs et arrivées ont été assurés, hormis les vols vers Charles-de-gaulle, Le Caire et Casablanca, le tableau d'affichage des vols vers l'intérieur du pays annonçait une suite d'annulations. Exception faite du vol reliant la capitale à Batna où l'embarquement des passagers en file indienne derrière le guichet d'Air Algérie se poursuivait dans la sérénité totale. Une scène qui se déroulait sous les yeux envieux d'une foule bigarrée de voyageurs de tous âges et de toutes conditions qui semblait livrée à elle-même. C'est la pagaille ! Assis à même le sol ou ayant emprunté les chaises d'un restaurant, certains ne pouvaient cacher leur angoisse. Ils piaffaient d'impatience, comme en témoignaient leurs allers-retours. Et dès qu'on les approche, les complaintes fusent de partout. "Je suis hors de moi. Je devais partir à Annaba où j'ai des engagements professionnels, mais je vais rater mes rendez-vous à cause de cette grève dont on n'a même pas entendu parler. Il n'y a personne pour vous informer, ni pour vous dire quand cela va se terminer. Quant à parler de dédommagement pour le retard et le préjudice subis, je sais que personne n'assumera cette situation, personne ! Et si vous osez réclamer auprès des guichets, on vous demande d'aller vous faire rembourser votre billet", dira un quinquagénaire. "Ils n'ont pas le droit de nous prendre en otage. Nous sommes en 2017, et c'est la seule compagnie qui continue à se comporter de la sorte parce qu'elle a le monopole. Il faut vite privatiser, et qu'il y ait d'autres compagnies", a-t-il lâché, dépité. Un autre homme tient à témoigner de sa mésaventure : "Je reviens de Turquie, et cela fait 24 heures que je n'ai pas dormi. Il y a parmi nous des enfants et des femmes âgées, malades et un handicapé, mais on n'est pas pris en charge. Aucun responsable de la compagnie Air Algérie n'est venu nous parler", déplore-t-il. D'autres passagers, plus stoïques, prenaient leur mal en patience, la tête plongée dans la lecture d'un journal. Joint par téléphone, le SG du Syndicat national des techniciens de la maintenance des avions (SNTMA), Ahmed Boutoumi, a déploré l'absence de dialogue avec la direction de la compagnie qui, dit-il, "use du bâton contre nous", en affirmant qu'il répondait à partir du tribunal de Dar El-Beïda, où il devait comparaître suite à la plainte de la direction d'Air Algérie qui a engagé des poursuites judiciaires contre le syndicat pour grève anarchique. L'appel du syndicat est intervenu à la suite de la décision prise à l'unanimité par l'assemblée générale des représentants des travailleurs d'aller vers un débrayage afin de réclamer la satisfaction d'une série de revendications, notamment la révision de la grille de classement et des salaires, et ce, conformément aux dispositions de la convention collective. Pour sa part, le P-dg d'Air Algérie, Bekhouche Allache, a, dans un entretien téléphonique à l'APS, qualifié ce débrayage d'illégal car, relève-t-il, ce mouvement ne satisfait pas les conditions légales relatives à l'annonce d'une grève, d'autant plus qu'elle a été déclenchée sans préavis. Il a ajouté que "le SNTMA n'a même pas daigné contacter la direction générale de la compagnie pour discuter de leurs revendications, et ce, au terme de la réunion de leur assemblée générale extraordinaire, et a déclenché le mouvement de grève d'une manière contraire aux procédures en vigueur relatives aux mouvements de protestation". Le syndicat et la direction générale d'Air Algérie se sont, selon nos sources, finalement entendus pour tenir une réunion de conciliation, destinée à aplanir les divergences entre les deux parties. Amar R. [email protected]