Dans un discours qui tiendrait plus de la diatribe et de l'estocade que d'une promesse de campagne, Ahmed Ouyahia s'en prendra vivement à l'opposition, l'une de ses cibles favorites. C'est un Ahmed Ouyahia, secrétaire général du RND, qui s'oublie dans sa casquette de Premier ministre, qui s'est exprimé, hier, lors d'un meeting populaire au palais de la culture Mohamed-Laïd-El-Khalifa, à Constantine. Confondant les deux fonctions, donc, il s'est attelé à promouvoir le programme d'action du gouvernement et celui du président de la République. Avec sa verve habituelle, il a également entrepris de défendre le projet de loi des finances 2018, espérant vraisemblablement que cela lui donnerait une longueur d'avance sur son rival de toujours, le FLN, lors des élections locales qui se tiendront le 23 novembre prochain. "En 1999, le RND a soutenu la candidature d'Abdelaziz Bouteflika et il continue à le faire car celui-ci a tenu ses promesses envers le peuple algérien, en lui assurant la stabilité et la sécurité", dira Ahmed Ouyahia, en rappelant, encore une fois, la tragédie des années 1990 et les "efforts consentis par le président de la République, dès son accession au pouvoir, pour y mettre fin". Dans un discours qui tiendrait plus de la diatribe et de l'estocade que d'une promesse de campagne, Ahmed Ouyahia s'en prendra vivement à l'opposition, l'une de ses cibles favorites. "Ceux qui critiquent les responsables de l'Etat, ou encore ceux qui disent que Abdelaziz Bouteflika est resté au pouvoir beaucoup trop longtemps... mettent en cause, en réalité, le choix du peuple algérien souverain". Une phrase qui lui vaudra les applaudissements de toute la salle, dont la majorité des présents, faut-il le souligner, a été ramenée par bus des autres communes de la wilaya. "À ceux qui appellent à l'application de l'article 102, ou alors ceux qui demandent l'intervention de l'armée, ont oublié que l'Algérie est politiquement et... économiquement souveraine", lance celui qui visiblement a rangé, encore une fois, son costume de chef de parti pour revêtir celui de chef du gouvernement. Ce dernier tentera d'ailleurs de mettre un point final à la montée au créneau, en tirant à boulets rouges sur ceux qu'il a qualifiés de "mercenaires de la politique", et ce, pour défendre la loi des finances 2018. "À ceux qui disent que la loi sur la monnaie et le crédit va vous enterrer, à ceux qui demandent où sont passés les 1 000 milliards, dites leur que nous, à Constantine, savons qu'ils ont été dépensés dans les logements, les routes, l'eau, l'électricité, etc". Il poursuit : "C'est grâce à la loi sur la monnaie et le crédit que le gel des projets a été levé, qu'ils relèvent des secteurs de la santé ou de l'éducation. Cette loi nous a évité de recourir au FMI", clamera-t-il, avant d'ajouter crânement : "C'est le FMI qui nous doit 5 milliards." Se défendant contre ceux qui l'accusent de s'être rallié au monde des affaires et de l'argent, Ahmed Ouyahia dira que cette décision a été prise dans l'intérêt du pays. Revenant sur les prochaines élections locales, Ouyahia évoquera la décentralisation, une des mesures phares du programme du RND. "Elle permettra de solutionner 50% des problèmes de l'Etat algérien et 80% des problèmes de la population", soutiendra l'hôte de Constantine. Enchaînant, dans l'après-midi, par un meeting à Sétif, Ahmed Ouyahia s'est attelé à démentir toutes les voix qui accusent son gouvernement de vouloir accabler le citoyen d'impôts. Il devait préciser que seuls les prix des carburants connaîtront une hausse parce qu'ils sont importés et que la valeur du dinar a baissé. Il a aussi souligné l'effort de l'Etat qui a revu à la hausse le montant du budget global attribué aux APC. Ce dernier est passé de 35 milliards en 2017 à 100 milliards en 2018. Le secrétaire général du RND a aussi ajouté que les projets gelés seront prochainement relancés et les entreprises seront payées. Il dira que la situation du pays n'est pas aussi catastrophique. "Moi, contrairement à ceux qui sont en train de dire le contraire et m'accuser d'assombrir la situation et semer le désespoir, j'ai eu le courage de dire la vérité au peuple. C'est une honte pour eux que le FMI soit mieux informé qu'eux", dira l'hôte de Sétif devant une salle archicomble. Lynda NACER/F. SENOUSSAOUI