La polémique entre la présidence de la République et l'ancien président de la Commission nationale consultative de promotion et de protection des droits de l'Homme, Farouk Ksentini, née suite aux déclarations faites par ce dernier dans la presse quant à sa rencontre avec le président Abdelaziz Bouteflika, fait réagir les partis de l'opposition. Pour le Mouvement pour la société de la paix (MSP) et Talaïe El-Houriat d'Ali Benflis, cette polémique confirme, on ne peut mieux, la vacance du pouvoir, donc l'absence du Président. "Nous assistons à un événement regrettable qui confirme l'absence du Président qui dure depuis 2013. Les responsables de cette situation sont ceux qui ont tout fait pour imposer le quatrième mandat de Bouteflika, et ce, malgré son incapacité à assumer ses missions. L'absence du Président fait que des personnes parlent, depuis, en son nom, et lui attribuent des déclarations. Mieux, nous avons entendu les mêmes responsables parler encore aujourd'hui, à l'occasion de la campagne électorale pour les locales, d'un cinquième mandat. C'est vraiment regrettable pour notre pays", a commenté, en effet, Abdellah Benadjmia, chargé de communication du MSP. Même son de cloche chez Malik Bentoumi, membre du comité central et du secrétariat national de Talaïe El-Houriat, même s'il qualifie cette polémique de "non-événement". "Pour nous, le problème est plus grave, et on le dit depuis plusieurs années : il y a vacance du pouvoir. Ce qui a laissé de la place à des forces extraconstitutionnelles qui ont accaparé des missions du pouvoir qu'ils exercent à leur façon, sans mandat et dans l'opacité totale", a regretté M. Bentoumi pour qui "les événements de ce genre ne sont que la résultante de de cette vacance de pouvoir". Qualifiant de "phénomène absurde" ce qui se passe actuellement au sommet de l'Etat, M. Bentoumi souligne que "quand on arrive à ce niveau de communication, c'est que les choses vont vraiment très mal". De son côté, le secrétaire général du FLN, Djamel Ould Abbes, doute d'une rencontre Bouteflika-Ksentini et s'en prend au juriste accusé non seulement de mentir, mais aussi de "chasser" sur les terres de l'ex-parti unique qui continue à "monopoliser" la personne du chef de l'Etat : "Je demande, officiellement, en tant que secrétaire général du FLN, à cette personne (Me Farouk Ksentini, ndlr) de fournir les preuves de cette entrevue. Personne n'a le droit de parler au nom du Président. Et puis, quand Son Excellence le Président décidera, sachez que c'est le FLN, qui en est le plus proche, qui en aura la primeur !" Seddik Chihab, le porte-parole du RND, a opposé, hier, un tranchant "no comment" : "Je n'ai aucun commentaire à faire à ce sujet. Nous nous en tenons seulement au communiqué de la Présidence, seule autorité habilitée à s'exprimer sur ces déclarations." Pour Soufiane Djilali, président de Jil Jadid, Ksentini a tout simplement "vendu la mèche" quant à la perspective d'un cinquième mandat pour le président Bouteflika. "Il s'agit d'un véritable travail préparatoire afin de faire accepter aux Algériens l'idée d'un 5e mandat (...) Je ne pense pas que Ksentini soit dans un délire absolu. À l'évidence, il a été briefé, il a simplement répété ce qu'on lui a dit, exprimant la volonté de Bouteflika de rester au pouvoir. Il a donc vendu la mèche. Il y a déjà un plan de communication pour imposer aux Algériens un 5e mandat parce que M. Bouteflika veut mourir Président et son entourage veut continuer à profiter du système mis en place. On est en pleine opération de manipulation, mais il y a eu une erreur de casting !" F. A./M.-C. Lachichi