Résumé : Yacine avait reconnu Yamina et n'avait pas hésité à l'aborder. Après une petite discussion entre eux, la jeune femme voulait prendre congé. L'homme insiste pour la raccompagner à son hôtel. Yamina resserre son écharpe autour de son cou. Yacine remarque son geste. -Tu as froid ? -Pas vraiment. Mais il fait tout de même un peu frais ce soir. -Je suppose que tu as l'habitude de venir en pareille saison. -Tout à fait. Slimane et moi étions déjà venus en hiver et au début du printemps à maintes reprises. Je connais le climat français. Il est assez doux et capricieux en cette saison. Comme il ne disait rien, elle tente de reprendre la conversation et demande : -Et ta maman ? Comment va-t-elle ? Il serre davantage son bras, avant de répondre : -Elle est décédée. Yamina s'arrête de marcher et porte la main à sa bouche. -Oh ! Je suis désolée. Il secoue la tête. -Elle avait tellement souffert. C'était la meilleure chose qui pouvait lui arriver. -Je suis vraiment désolée. Quand est-ce que c'est arrivé ? -Il y a trois mois. Yamina déglutit. Il y a trois mois, elle était encore en deuil elle-même. -C'était une brave femme. Il acquiesce. -Oui. Depuis la mort de mon père, elle s'est sacrifiée pour m'élever et me donner la meilleure éducation qui soit. -Ton père aussi est décédé ? -Cela fait une bonne trentaine d'années. J'étais encore un gosse. Je me rappelle à peine de lui. Yamina se tut. Elle ne trouvait aucune réponse à donner à cet homme qu'elle connaissait à peine. Elle ressentait cependant son désarroi et sa tristesse. Il reprend au bout d'un moment. -Oublions nos malheurs, Yamina, et profitons du moment présent. En évoquant le passé, nous ne faisons que nous torturer inutilement. Elle soupire. -C'est la triste réalité. J'ai perdu mon mari, et toi ta mère. Nous sommes encore sous le choc de leur disparition. -Je tente justement de me raisonner pour ne pas tomber dans le piège de la mélancolie. Chaque être humain transite par des passages à vide dans sa vie. Des passages provoqués par des situations qui nous échappent. Que pouvons-nous faire devant les affres du destin, si ce n'est nous consoler mutuellement ? Ils étaient arrivés devant l'entrée de l'hôtel. Yamina n'était pourtant pas pressée de quitter Yacine. Elle avait la nette impression que sa présence la réconfortait, et elle sentait aussi qu'il avait besoin de la sienne. -Nous sommes arrivés, murmure-t-elle enfin. -Oui. Il jette un coup d'œil à sa montre. -Je pense qu'il est encore trop tôt pour te cloîtrer dans ta chambre avec ta solitude, Yamina. Que dirais-tu donc de dîner avec moi ? Je connais un endroit pas loin d'ici, qui te plaira à coup sûr. . (À suivre) Y. H.