Cette denrée se fait désirer, et les ménagères n'ont même pas de quoi faire la cuisine, alors que la douche est devenue un luxe. Aussi paradoxal que cela puisse paraître et au moment où des torrents d'eau provoquent des dégâts sur les routes, les caniveaux bouchés rejettent les eaux sur les voies carrossables, des chutes de neige tombent sur la région de Bouzeguène et un tapis blanc recouvre déjà les villages de la commune d'Aït Zikki. Pour les villageois de Bouzeguène, l'eau potable se fait désirer, et les ménagères n'ont même pas de quoi faire la cuisine alors que la douche est devenue un luxe. Les habitants ont passé une saison estivale très pénible à cause de la pénurie d'eau potable pour se laver, nettoyer les sanitaires ou organiser une fête familiale si ce n'est avec de l'eau trouble des puits d'Azaghar forés dans le lit de l'oued Boubehir. Le prix de la citerne d'eau aura atteint le chiffre record de 5500 et 6000 DA, au gré des propriétaires des citernes carrossables. Ces derniers achètent de l'eau à 400 DA la citerne et la revendent aux citoyens quinze fois plus cher. Les services d'hygiène de l'APC, qui font uniquement des tests au chlore, préconisent aux citoyens qui ramènent des échantillons pour analyses de ne pas consommer cette eau mais il faut javelliser même pour la lessive. Tout ceci se passe sous les yeux de nos responsables qui ne s'en émeuvent aucunement. Pourtant, la source de montagne d'Aderdar, située à Aït Zikki, est assez consistante pour alléger les souffrances des villageois. Elle donne plus de 3 000 m3 par jour, en hiver, mais résiste quand même à la sécheresse avec pas moins de 1 500 m3 au mois de septembre, ce qui est quand même considérable pour alléger un tant soit peu les souffrances des villageois. Cependant, l'eau à Bouzeguène est devenue une denrée rare, du fait qu'il existe malheureusement un détournement illégal et massif des branchements opéré par des citoyens sans scrupules. Même si le nombre de vols et de piquages illicites reste imprécis, l'on croit savoir qu'il est considérable selon le service des eaux. En fait, le début de ces piquages a été autorisé au début des années 80, du temps du parti unique, au profit d'une trentaine de gens privilégiés dont certains n'habitent même pas en Algérie. Il s'ensuivit alors un raz-de-marée des villageois qui ont mis main basse sur ce liquide précieux qui commençait, dès lors, à se raréfier, alors que tous les maires qui ont défilé à Bouzeguène ont vu passer ce déballage sans pouvoir rien faire. En 2001, un projet de 25 milliards de centimes a été attribué à Bouzeguène pour le renouvellement de la chaîne d'Aderdar pour dévier la conduite et réduire un quelque peu le taux de détournement d'eau évalué à plus d'un tiers des capacités de la source. Au début, le vol de l'eau était concentré uniquement dans les villages de Bouzeguène, mais aujourd'hui il s'est élargi à de nombreux villages traversés par la conduite principale, lesquels ont opéré près de 200 piquages illicites, dont certains sont dirigés vers des écuries et des poulaillers. Les services de l'ADE et de l'hydraulique de Bouzeguène, accompagnés par les services de sécurité, ont entamé récemment des débranchements de ces piquages mais ils ont été rétablis quelques jours après par leurs auteurs qui ne sont nullement inquiétés. Autant dire que Bouzeguène est devenue une région où la loi est constamment bafouée et où on interdit même à un entrepreneur d'entreprendre des travaux de renouvellement de la conduite principale. Les villageois restent aujourd'hui accrochés au nouveau projet de raccordement au barrage de Tichy-Haf, dans la wilaya de Béjaïa, dont les travaux n'ont pas encore démarré, mais d'aucuns s'interrogent sur tous ces détournements d'eau qui persistent et qui, en raison de l'impunité, sont en train de se généraliser malheureusement à travers les deux communes de Bouzeguène et d'Aït Zikki. Kamel Nath Oukaci