Résumé : Yacine emmène Yamina dans une ancienne et magnifique auberge, il est heureux de constater que l'endroit plaît à celle-ci. Cependant, chacun d'eux tentait de surmonter son chagrin. La jeune femme acquiesce. -C'est ce que je pense moi aussi. C'est pour cela d'ailleurs que j'ai tenu à garder mes parents auprès de moi pour profiter de leur présence au maximum. -Tu as bien fait, Mina. Il sourit. -Cela ne t'ennuie pas que je t'appelle ainsi, n'est-ce pas ? Elle secoue ses boucles. -Non, pas du tout. Mais ne le fais pas en public. -Sûrement pas. Le maître d'hôtel revient et ils passèrent commande, puis Yacine reprend : -Ma mère t'avait beaucoup appréciée. -Moi aussi. Ta maman était une femme de caractère. -Tout à fait. Je n'arrive pas encore à admettre qu'elle ne soit plus là, pour me rappeler à l'ordre à chaque fois que cela s'avère nécessaire. -Te rappeler à l'ordre ? Elle sourit. -Tu as besoin d'être rappelé à l'ordre à ton âge, Yacine ? -On est toujours des enfants aux yeux de nos mamans. -Je le conçois. Toutefois, je te trouve trop vieux pour te considérer comme un enfant. Il relève les yeux vers elle et remarque la lueur moqueuse qui venait de traverser son regard. Alors, il s'écrie : -Si c'est ce que tu trouves à répondre, je l'accepte, mais ne me dis pas que tu es plus vieille que ma mère pour me donner des leçons. Elle affiche une moue. -On a l'âge qu'on veut, quand on le veut. Il rit. -Mina, tu es une femme très intelligente. J'aimerais te connaître davantage. Parle-moi un peu de toi. Elle hausse les épaules. -Bof, il n'y a pas grand-chose à raconter. Je suis la benjamine d'une famille modeste. Avant de rencontrer Slimane et de l'épouser, j'ai travaillé comme secrétaire dans une petite entreprise, et puis je me suis mariée, et je suis veuve depuis six mois. Voilà à quoi se résume mon existence. Yacine dépose sa fourchette et s'essuie les lèvres avant de demander : -Je ne veux pas te brusquer, et tu n'es pas non plus obligée de répondre à ma question. Dis-moi seulement pourquoi as-tu accepté de lier ton destin à un homme qui avait l'âge de ton père ? Elle déglutit et prend une gorgée d'eau. -Ta question n'est pas fortuite, Yacine. Rappelle-toi donc ton passage au magasin et tes remarques acerbes au sujet de Slimane. Ne s'attendant pas à une telle réplique, Yacine balbutie : -Je suis désolé. Je ne voulais pas en arriver là. Mais ma curiosité l'emporte toujours sur le reste, c'est pour cela que ma mère me rappelle à l'ordre de temps à autre. -Je ne t'en veux point de m'avoir posé une telle question, Yacine. Mais c'est ta manière de la poser qui laisse supposer que tu veux rajuster le tir. Je ne veux pas souiller la mémoire de mon mari. Slimane m'avait aimée, m'a permis de changer de vie et de mener une existence confortable. Yacine fronce les sourcils. -C'est bien gentil de sa part. Il secoue la tête. -Mais il en avait eu pour ses frais. Il a épousé une jeune et jolie femme, qui l'a rendu heureux, et avait adouci ses derniers moments. Yamina s'insurge. -Ne dis pas ça, Yacine. J'étais son épouse légitime, et je ne pouvais pas le laisser livré à son sort. Je me suis tout de même attachée à lui. Nous avons eu des moments heureux ensemble, nous avons voyagé... (À suivre) Y. H.