Ces réserves en devises ont fondu de 14 milliards de dollars depuis janvier de l'année en cours. Les réserves de change de l'Algérie se sont établies à 100 milliards de dollars en novembre 2017, a indiqué, hier, le ministre des Finances, Abderrahmane Raouya, en marge de sa présentation du projet de loi de finances 2018 au Conseil de la nation. La Banque d'Algérie, dans sa note de conjoncture sur les tendances monétaires et financières au premier semestre 2017, avait indiqué qu'en lien avec l'évolution défavorable de la balance des paiements extérieurs au premier semestre de l'année en cours, les réserves officielles de change se sont contractées de 7,846 milliards de dollars, passant de 114,138 milliards de dollars à fin décembre 2016 à 106,292 milliards de dollars à fin juin 2017. La Banque d'Algérie a estimé que le niveau des réserves de change demeure encore appréciable et adéquat, notamment au regard de l'encours très faible de la dette extérieure totale (3,962 milliards de dollars). Cependant, "compte tenu des perspectives de maintien, à moyen terme, des prix des hydrocarbures proches de leurs niveaux actuels et du déficit encore élevé des comptes extérieurs, notamment leur principal déterminant (la balance des biens et services), des efforts supplémentaires sont requis pour réduire l'absorption et/ou augmenter l'offre domestique de biens pour assurer la viabilité, à moyen terme, de la balance des paiements et limiter l'érosion des réserves officielles de change", a-t-elle souligné. Les déficits records de la balance de paiement enregistré en 2015 et 2016 se sont traduits par une forte contraction des réserves officielles de change (hors or) qui sont passées de 178,94 milliards de dollars à fin décembre 20144 à 144,13 milliards de dollars à fin 2015, puis à 114,14 milliards de dollars à fin 2016. Lors de la présentation du projet de loi de finances à l'Assemblée populaire nationale (APN), le grand argentier du pays avait indiqué que les réserves de change avaient baissé à 102,4 milliards de dollars à fin septembre 2017. M. Raouya prévoyait une contraction des réserves de change en 2018 à 85,2 milliards de dollars, soit l'équivalent de 18,8 mois d'importation. En 2019, les réserves de change baisseraient à 79,7 milliards de dollars, pour atteindre 76,2 milliards de dollars en 2020. Evoquant, hier, les tendances de l'économie algérienne à fin août de l'année en cours, le ministre des Finances a relevé une hausse du prix du baril de pétrole Sahara Blend. Le cours moyen du baril de pétrole s'est situé à 50,6 dollars. M. Raouya a évoqué aussi une augmentation des exportations à 21,3 milliards de dollars et une légère baisse des importations. L'inflation a emprunté une tendance qui s'est caractérisée par une décélération. Le grand argentier est revenu sur les mesures législatives proposées dans le projet de loi de finances 2018. Le ministre des Finances a cité notamment l'institution d'une taxe additionnelle sur les produits tabagiques mis à la consommation en Algérie et le relèvement des tarifs de la taxe sur les produits pétroliers de l'ordre de 5 DA le litre pour les essences et de 2 DA pour le gasoil. Dans leurs interventions, plusieurs sénateurs ont critiqué les augmentations des tarifs de la taxe sur les produits pétroliers. Ces augmentations, appréhendent-ils, risquent de provoquer la hausse des prix d'autres produits qui pourraient impacter négativement le pouvoir d'achat du citoyen. "C'est une question de facilité", a lancé un sénateur, relevant l'incapacité des institutions de l'Etat à lutter contre l'économie parallèle et à faire appliquer la loi. D'autres sénateurs ont relevé l'insuffisante maîtrise des grands projets, en évoquant les ressources réservées aux réévaluations. Plus de 400 milliards de dinars sont réservés aux réévaluations dans le projet de budget 2018. Un sénateur a relevé la contradiction entre le plan d'action du gouvernement et le projet de loi de finances, en s'interrogeant si la hausse des transferts sociaux n'est, en fait, que le prix de la paix sociale. Meziane Rabhi