L'utilisation des matériaux de construction locaux est exigée dans la construction. L'utilisation des matériaux de construction locaux, quand ils sont disponibles en quantité et en qualité suffisantes, sera exigée dans le cadre la réalisation de logements et équipements publics. C'est ce qu'a annoncé, hier, le ministre de l'Habitat, de l'Urbanisme et de la Ville, Abdelwahid Temmar, à l'ouverture de l'exposition de la production de biens et services dans le secteur du bâtiment, organisée par le Forum des chefs d'entreprise (FCE) au Palais des expositions à Alger, sous le thème : "Construisons national". M. Temmar a indiqué que des instructions ont été données aux maîtres d'ouvrage du secteur de l'habitat pour l'intégration de cette exigence dans les cahiers des charges. Le ministre a présenté aux producteurs de matériaux de construction et de services un programme ambitieux de réalisation de logements et d'équipements publics qui constitue une opportunité pour l'industrie nationale du bâtiment. M. Temmar a fait savoir que les besoins du secteur jusqu'en 2019 sont estimés, entre autres, à 3 millions de tonnes de fer, 30 millions de tonnes de ciment, 30 millions de tonnes de briques, 110 millions de mètres carrés de carrelage, 50 millions de mètres carrés de céramique, 6 millions d'unités de robinetterie... Jusque-là, les entreprises algériennes n'ont pas tiré profit des programmes de construction de logements lancés par les pouvoirs publics. "Les entreprises étrangères se sont vu attribuer plus des deux tiers des marchés, souvent au même prix, au même coût et sans application du code des marchés publics", a constaté le président du FCE, Ali Haddad. Un arrêté promulgué en 2011 accorde une marge de préférence de 25% aux produits d'origine algérienne et aux entreprises ou bureaux d'études de droit algérien dans le cadre des marchés de fournitures, de travaux, de services et d'études. Cependant, a relevé M. Haddad, "les statistiques démontrent malheureusement que ce principe de préférence nationale n'a pas été appliqué". Le président du FCE estime que "recourir à des services et à des produits étrangers pour construire un logement est une aberration pour une économie qui ambitionne de développer les exportations". Du coup, pour le FCE, l'enjeu est de faire en sorte que la réalisation des différents programmes de logements soit confiée à des entreprises algériennes. "La filière du bâtiment et de la construction est la plus touchée par la crise, alors que de multiples programmes publics ont été lancés pour la réalisation d'infrastructures en tous genres", se désole M. Haddad, qui n'a pas raté l'occasion de critiquer les précédents ministres de l'Habitat. Selon M. Haddad, Abdelwahid Temmar "a insufflé une nouvelle dynamique à ce secteur qui était, par le passé, caractérisé par un immobilisme qui pénalisait les entreprises nationales publiques et privées". Le ministre de l'Industrie, Youcef Yousfi, a évoqué, pour sa part, les investissements importants réalisés dans les différentes branches de la filière de matériaux de construction. Il cite, notamment, l'industrie du ciment qui a réussi à satisfaire le marché national en matière de ciment gris avec une production de plus de 22 millions de tonnes en 2016 et des prévisions de dépasser les 25 millions de tonnes cette année. "Cette production devrait même augmenter dans les prochaines années pour atteindre les 40 millions de tonnes à l'horizon 2020", prévoit M. Yousfi. Dans la filière sidérurgie, avec l'entrée en exploitation des projets en cours de réalisation (publics et privés), la production nationale des produits sidérurgiques (tous types confondus) sera portée à 12 millions de tonnes par an à l'horizon 2020, contre 2,5 millions de tonnes en 2016. Concernant la filière céramique, plus de 450 projets ont été engagés depuis 2002. De même pour la fabrication des briques et des produits rouges. Plus de 350 projets ont vu le jour. Cependant, le produit algérien demeure méconnu. "On ne connaît pas le produit national", a reconnu le ministre de l'Habitat, soulignant la nécessité d'élaborer une cartographie pour identifier les produits. Meziane Rabhi