La politique monétaire non conventionnelle mise en œuvre par le gouvernement ou en termes simples la planche à billets présente "des problématiques importantes", a estimé la Banque mondiale dans son rapport de suivi de la situation économique (automne 2017). La Banque mondiale estime que le financement direct du déficit budgétaire par la Banque d'Algérie, lié à la mise en œuvre de cette politique, est susceptible de générer une injection importante de liquidités dans l'économie. Avec un déficit estimé à 7,1% en 2017 (4,5% du PIB en 2018), indique le rapport, la Banque d'Algérie devrait augmenter la masse monétaire de 1 380 milliards de dinars (960 milliards dinars en 2018) ; soit 13,5% (9% en 2018) des billets et pièces en circulation actuellement. "Cela pourrait potentiellement entraîner une inflation plus élevée que prévu", estime la Banque mondiale. En outre, ajoute la Banque mondiale, la réduction à court terme des contraintes sur les finances publiques pourrait retarder l'adoption et la mise en œuvre de réformes structurelles et budgétaires dont l'économie algérienne a grandement besoin. "Par ailleurs, si l'ampleur de l'intervention de la Banque d'Algérie est importante et pour une durée très longue, cela pourrait alarmer les acteurs du secteur privé sur l'état des finances publiques et affaiblir leur confiance dans le programme d'assainissement budgétaire du gouvernement", souligne le rapport. Le pays, avertit la Banque mondiale, "pourrait alors connaître diverses formes de fuite de capitaux menant à l'épuisement des réserves officielles brutes, plus rapidement que ce que laissent prévoir les tendances actuelles". Actuellement axé sur les dépenses en capital, l'assainissement budgétaire "risque d'être retardé par le souci de maintenir les dépenses sociales, particulièrement celles relatives au logement, étant donné l'importance de la prochaine échéance électorale", prévoit l'institution de Bretton Woods, évoquant l'élection présidentielle d'avril 2019. La Banque mondiale constate que le risque d'un déficit plus élevé que prévu est en train de se matérialiser. Evoquant le budget "prévisionnel" pour l'année 2018, le rapport fait référence au nouveau cadre de dépenses à moyen terme, triennal (de 2018-2020), "permettant des déficits publics importants afin de payer les arriérés intérieurs et compléter certains investissements, en particulier les projets de logements sociaux". Le déficit budgétaire atteindrait 9,9% du produit intérieur brut (PIB) en 2018, 5,6% en 2019 et 3,6 pour cent en 2020, et devrait être financé par la création monétaire. "Selon ce budget prévisionnel, le gouvernement devrait accroître la masse monétaire d'environ 5 000 milliards de dinars pendant les cinq années de la politique monétaire non conventionnelle, atteignant un record de 2 130 milliards de dinars en 2018 (soit 20 pour cent de la masse monétaire), ce qui mènerait à un risque d'hyperinflation", souligne la Banque mondiale. M. R.