Seul un chef d'Etat arabe sur quatre sera présent à ce premier rendez-vous entre les pays arabes et ceux d'Amérique latine qui s'ouvre demain dans la capitale brésilienne. Préparé depuis deux années, ce sommet, qui devait marquer un tournant dans le rapprochement des ensembles arabe et latino-américain, est quasiment boycotté par les dirigeants arabes. Ces nombreuses défections seraient dues, selon des diplomates arabes accrédités dans la capitale brésilienne, à une forte pression des Etats-Unis. Ces derniers, irrités par le refus du président brésilien de leur accorder un statut d'observateur au cours de cette rencontre, ont tout fait pour dissuader la majeure partie des dirigeants arabes d'y participer. La colère de Washington serait surtout motivée par le contenu de la déclaration finale de ce sommet, qui verra les participants adopter une position critique envers Israël, en demandant notamment le démantèlement des colonies israéliennes dans les territoires palestiniens, et apporter leur soutien aux Palestiniens. Ces derniers doivent par ailleurs exprimer leur opposition aux sanctions unilatérales imposées par Washington à la Syrie et affirmer “le droit des Etats et des peuples à résister à l'occupation étrangère”, en insistant sur le “respect de l'unité territoriale de l'indépendance et de la souveraineté de l'Irak”. Ainsi, les trois quarts des chefs d'Etat arabes ne feront pas le déplacement de Brasilia. Le président égyptien Hosni Moubarak, chef du pays arabe le plus peuplé, charnière entre l'Afrique et l'Asie, délègue son ministre des Affaires étrangères, Ahmed Aboul Gheit. Le prince héritier Abdallah Ben Abdel Aziz, régent de l'Arabie Saoudite, ne fera pas non plus le déplacement, tout comme le roi Mohammed VI du Maroc, reçu pourtant en grande pompe à Brasilia en novembre 2004, dans le cadre des préparatifs à ce sommet. Parmi les autres absents figurent le président tunisien Zine El Abidine Ben Ali, le roi Abdallah II de Jordanie, ainsi que le colonel Mouammar El Kadhafi, dirigeant de la Libye. Ce manque d'engouement a déçu le secrétaire général de la Ligue arabe, Amr Moussa, cheville ouvrière de ce sommet auquel il attache une grande importance pour l'ouverture de l'Amérique latine vers les pays arabes. Il a regretté le faible niveau de la représentation arabe. Il a clairement affiché sa déception à son arrivée à Brasilia en déclarant : “J'aurais souhaité une participation arabe plus importante au sommet.” Il a souhaité que ces rendez-vous deviennent périodiques, peut-être tous les deux ans. En revanche, le président algérien Abdelaziz Bouteflika représentera à la fois l'Algérie et la Ligue arabe, dont il est le président en exercice. L'Irak sera représenté par son nouveau chef d'Etat, Jalal Talabani, et les Palestiniens par le successeur de Yasser Arafat, Mahmoud Abbas. K. A.