L'expert financier, Mohamed Kessel, affirme que cette utilisation intensive de la planche à billets va générer de l'inflation, c'est-à-dire une importante hausse des prix en 2018, en l'absence de contrepartie productive à cette manne. Le dernier Journal officiel, qui comporte une situation mensuelle de la Banque d'Algérie au 30 novembre 2017, indique que l'Institut d'émission a utilisé à partir de ce mois la planche à billets. La Banque centrale fait état, précisément, de l'impression de l'équivalent de 2 185 milliards de dinars sous forme de billets de banque, soit environ 19 milliards de dollars, au titre de l'article 45-bis, qui correspond à l'amendement de la loi sur la monnaie et le crédit. Un changement qui autorise l'usage de la planche à billets. En d'autres termes, cette dernière fonctionne à plein régime. Le montant imprimé au courant du mois de novembre est énorme, d'autant que les autorités avaient affirmé que les besoins de financement du Trésor sont de 540 milliards de dinars en 2017 et de 1 800 milliard de dinars en 2018. Ce qui a été imprimé dépasse donc largement ces montants. Contacté au téléphone sur ce sujet, Mohamed Kessel, expert financier, souligne que cette utilisation intensive de la planche à billets va générer de l'inflation, c'est-à-dire une importante hausse des prix en 2018, en l'absence de contrepartie productive à cette manne. "C'est une dévaluation du dinar déguisée", commentera-t-il. Pour ces raisons, la mesure aura un coût social. En résumé, l'inflation et la dévaluation du dinar seront les conséquences de cette accélération dans l'utilisation de la planche à billets. L'expert nuancera ses propos en concédant que la mise en œuvre de cette mesure pour renflouer les caisses de l'Etat constitue un traitement, à court terme, en vue de maintenir l'économie nationale en croissance. Ce n'est pas une solution pérenne. "C'est un calmant pour arrêter la douleur, ce n'est pas un remède pour en finir avec la douleur", a-t-il ajouté. Dans trois ou quatre ans, nos gouvernants auront du mal à dynamiser l'appareil de croissance, faute d'avoir pris les mesures adéquates pour surmonter la crise financière qui secoue le pays. "Il y a eu des mesures administratives, mais pas de mesures efficientes adaptées au contexte". On n'a pas tenté de régler les problèmes structurels qui handicapent le développement de l'économie nationale. Parmi les mesures suggérées par l'expert, on relève la nécessité d'augmenter des ressources en devises par le développement des exportations hors hydrocarbures, et de travailler la chaîne des valeurs en améliorant les taux d'intégration dans les filières comme l'agro-industrie, c'est-à-dire mener une véritable politique d'import substitution. Le spécialiste pointe du doigt les réformes structurelles à appliquer dans cette période, et qui tardent à être mises en œuvre. Or, ce sont ces réformes qui vont permettre de renouer avec une croissance forte et durable, de retrouver une offre en substitution aux importations, d'augmenter les ressources en devises. Parmi ces réformes, citons la réforme du système bancaire et financier, la réforme de l'administration, l'amélioration du climat des affaires, c'est-à-dire la création d'un écosystème favorable à l'investissement, la production et l'exportation. K. Remouche