Ce prénom féminin, actuellement en vogue en Algérie, provient de l'arabe ah'lâm, pluriel de ḥ'ulm "songes, rêves", cinquième forme du verbe h'alama "rêver, avoir des rêves". La croyance répandue chez les musulmans que l'âme du rêveur quitte le corps et s'affranchit de l'emprise des sens s'appuie sur ce verset du Coran : "Dieu enlève aux êtres leur âme au moment de leur mort ainsi qu'à ceux qui ne meurent pas pendant leur sommeil. Il garde celles pour qui Il a décrété la mort et Il renvoie les autres jusqu'au terme qu'Il leur a fixé" (sourate 39, Les Groupes, v. 42). De toutes les pratiques divinatoires de l'Arabie ancienne, l'oniromancie ou l'interprétation des rêves est la seule que l'islam ait gardée. C'est la sourate 12, où le prophète Joseph interprète plusieurs rêves qui légitime, dans le Coran, l'oniromancie. Joseph, enfant, voit d'abord onze planètes, le soleil et la lune se prosterner devant lui. Son père, Jacob, le met en garde, car il a compris qu'il s'agit de ses frères, lui-même et de sa mère qui lui rendent hommage. Le rêve se réalise à la fin du récit quand, recevant ses parents, ceux-ci se prosternent devant lui. "Ô mon cher père, c'est là l'interprétation du rêve que j'ai fait, mon Seigneur l'a réalisé..." (v. 100). Plus tard, le même Joseph interprète les rêves du Pharaon. Le rêve dans lequel on verra souvent l'expression des passions de l'âme est aussi un moyen de communication avec l'au-delà. Le Prophète (QSSL) y verra même une portion de la prophétie : "Le rêve véridique – al-ru'ya – représente un quarante-sixième de la prophétie" (rapporté par al-Bukhârî). La grande division des rêves en deux catégories, rêves véridiques (ou rêves messagers) et rêves mensongers, inspirés par les passions et les instincts, est reprise par tous les oniromanciens et domine encore aujourd'hui dans les classifications des rêves. Le Prophète (QSSL) ayant déclaré le jour de sa mort qu'il ne restait plus après la prophéties que les rêves pour communiquer avec l'Invisible, ses successeurs, puis les rois, les juristes, les théologiens vont recourir au rêve pour justifier qui une décision, qui une doctrine. Le moyen est d'autant plus commode, qu'on ne peut pas le vérifier ! M. A. Haddadou [email protected]