La wilaya de Tizi Ouzou est-elle marginalisée ou non par l'Etat en matière de développement ? La question a été au centre d'une vive polémique, hier, à l'occasion de la deuxième journée de la session ordinaire qui s'est poursuivie à l'hémicycle Rabah-Aïssat de l'APW de Tizi Ouzou. Pour le président de l'APW, Youcef Aouchiche, qui a eu à intervenir durant la première journée de la session, le constat est, en tout cas, sans appel. "Notre wilaya est en train de passer à côté des objectifs de développement tracés et promis et un espoir grandissant d'édifier ensemble un avenir meilleur pour Tizi Ouzou... Aujourd'hui, force est de constater que le rythme de développement de notre wilaya s'éloigne de plus en plus de la cadence censée lui permettre de créer une croissance durable et de répondre aux attentes socioéconomiques de nos concitoyens", a-t-il déclaré tout en relevant une absence quasi totale de l'investissement productif, un chômage en expansion continue, une bureaucratie suffocante, des communes livrées à elles-mêmes, un désengagement de plus en plus visible de l'Etat. "Cette situation est causée par les lenteurs intolérables du rythme de réalisation de plusieurs projets structurants et le gel des infrastructures prioritaires et vitales inscrites dans notre wilaya", a-t-il estimé. Pour l'élue du FFS, Nabila Smaïl, "même les oppositions souvent invoquées pour justifier les retards, notamment en ce qui concerne la pénétrante de l'autoroute Est-Ouest, ne visent en réalité qu'à incriminer la population". Car, a-t-elle expliqué, "le citoyen ne s'oppose pas au projet, il ne demande qu'à être indemnisé". "Il y a un problème de volonté politique", a estimé, de son côté, M. Sadoud, un autre élu du FFS. Pour leur part, les élus du RCD n'ont aucun doute quant à l'existence de ce qu'ils qualifient de "plan contre cette région". "Lorsqu'on assassine des jeunes, quand on empêche un investisseur comme Cevital d'investir en Kabylie et lorsqu'on oppose un niet catégorique à un programme du Pnud dans la région, c'est qu'il y a bel et bien un plan qui vise la région", a estimé Malik Hessas. "Les projets gelés à Tizi Ouzou n'avaient pas à l'être, sachant qu'ils ont été accordés en guise de rattrapage du retard accumulé par la région en matière de développement depuis l'Indépendance", a soutenu Samira Messouci, élue du même parti. Alors qu'un élu du RND n'a pas trouvé mieux que d'accuser ces élus de "noircir le tableau, d'alimenter la cause séparatiste et de nuire à la stabilité nationale", le wali, Mohamed Bouderbali, a, quant à lui, invité les élus à "cesser de présenter la région comme une victime et crier à la marginalisation" car, a-t-il estimé, "l'Etat accorde toutes les facilités possibles quand il s'agit du développement de la région". "Plus de 250 milliards de dinars ont été injectés dans le développement de la wilaya, sans compter les projets centralisés. Il y a des problèmes dans la réalisation, oui, mais les causes, il faut les chercher localement. Il y a peut-être mauvaise gestion mais jamais marginalisation de la région. Le gel des projets touche toutes les wilayas du pays et pour Tizi Ouzou, ils sont en train d'être dégelés au fur et à mesure. Je n'ai jamais eu de difficultés avec le gouvernement concernant les propositions de développement qui concernent la région", a-t-il martelé avant de faire porter le chapeau du sous-développement de la région aux élus qui, dit-il, dévient le débat vers des polémiques politiques stériles. Samir LESLOUS