Pour faire face aux dysfonctionnements et aux insuffisances relevés en Algérie par les spécialistes, à savoir magistrats ou médecins légistes, durant leurs interventions relatives aux catastrophes naturelles (tremblements de terre, inondations, incendies), aux accidents de la route et aux actes terroristes, il est nécessaire de renforcer les compétences des spécialistes et de mettre en place un plan d'action dans les situations de grandes catastrophes. Dans ce sens, un programme a été lancé en 2016, en collaboration avec l'Agence espagnole de coopération internationale pour le développement (Aecid). Ce travail qui s'est étalé sur deux ans, a été sanctionné par la mise en place d'un guide d'action pour des événements à victimes multiples et des grandes catastrophes. En effet, le guide a fait l'objet de deux journées d'étude organisées à Constantine, les 19 et 20 mars, par l'Ecole supérieure des magistrats en présence d'experts algériens et espagnols. "Ce guide comble un vide sur le plan juridique, méthodologique et optionnel", ont indiqué les participants à ces journées. Lors de cette rencontre, Juan Manuel Cartagena Pasto, médecin légiste, a présenté un cas pratique rencontré lors d'une explosion dans un restaurant au Paraguay faisant plus de 400 morts en 2004. "Lors du transfert des cadavres et des restes humains dans les zones de travail de nécro-identification et d'autopsie lors de cet incendie, l'équipe d'intervention a commis plusieurs erreurs. Ce qui a entraîné la non-identification de plusieurs corps carbonisés", a expliqué le conférencier. Aussi, préconise-t-il d'établir une coordination entre juge, procureur, médecin légiste, police et tous les organismes d'urgence de la santé et de la Protection civile. De son côté, Mme Isabel Cartagena Daudén, criminologue et psychologue, a abordé le volet de la prise en charge psychologique des familles des victimes des grandes catastrophes. "L'intervention psychologique auprès des proches des disparus et des défunts est indispensable. Elle doit être effectuée par des psychologues qui ont reçu des formations spécifiques", précise-t-elle. Tout en ajoutant que la prise en charge psychologique doit aussi se faire pour les groupes d'intervention dans les zones touchées par les catastrophes. Souheila BETINA