Les vieilles techniques ancestrales font de plus en plus d'adeptes. À Bordj Bou-Arréridj, aux côtés de la roquia, el hijama, cette technique thérapeutique très ancienne refait surface et est proposée par quelques médecins généralistes, dans les mosquées, les boutiques d'herboristes, dans des garages et dans les maisons. Appelée aussi médecine prophétique car très pratiquée du temps du prophète Mohamed (QSSSL), cette technique consiste à effectuer de petites incisions superficielles à des endroits bien précis selon la maladie à guérir. Une ventouse reliée à un appareil qui aspire l'air, est appliquée sur la partie incisée afin d'en extraire du sang. Cette opération est faite simultanément sur plusieurs parties du corps. Al hijama peut être réalisée aussi sans incisions. La ventouse est appliquée alors après avoir frictionné la peau avec de l'huile. Elle est alors appelée "hijama à sec" en opposition à celle avec la saignée dite "hijama humide". Cette pratique aurait les mérites de stimuler la circulation du sang et de la lymphe, de renforcer l'immunité et de rétablir l'équilibre hormonal. Elle aiderait aussi à harmoniser l'équilibre psychique et émotionnel. Autant d'affirmations qui font polémique et manifestement pas l'unanimité. Cette pratique est aujourd'hui fortement critiquée par de nombreux spécialistes. L'absence de conditions d'hygiène, la défaillance de la désinfection du matériel utilisé dans l'opération, l'exercice aléatoire de ce traitement médical par des "charlatans" dépourvue d'une véritable formation médicale ou une quelconque expérience, exposent un grand nombre de patients, selon les spécialistes, à des conséquences désastreuses. En effet, la maladie se transmet par le sang, où certains pratiquants de la hijama, utilisent généralement les mêmes outils pour prélever le sang et les utiliser pour de nombreux patients, ce qui menace les prétendants à la hijama d'être victimes de la maladie de l'hépatite virale, qui est une maladie contagieuse, ce qui a exhorté les médecins et les spécialistes à tirer la sonnette d'alarme, suite à la hausse du nombre de personnes infectées par la maladie, en particulier de types A et B, ce qui appelle à une réelle prise en charge médicale en vue de contenir la maladie, qui est classée dans la case des virus dangereux, où elle occupe désormais le deuxième rang après la grave maladie du sida, sans compter les prix prohibitifs des médicaments pour le traitement des patients atteints d'hépatite virale, qui peuvent dépasser les 150 millions de centimes par an pour chaque patient. "Il suffit qu'une lame infectée soit utilisée à plusieurs reprises pour transmettre aux patients diverses pathologies fatales. Si le syndrome de l'immunodéficience est le plus redoutable, d'autres pathologies, comme les hépatites C, les maladies sexuellement transmissibles et les affections transmissibles par voie sanguine ne sont pas moins périlleuses", souligne le docteur Akli. Et d'ajouter que de sérieuses mesures préventives doivent être adoptées afin de limiter les ravages de l'anarchie qui régit ce secteur. Par ailleurs, notre interlocuteur insiste sur l'importance de l'ouverture de structures sanitaires spécialisées en saignée et ce, à l'instar, de plusieurs pays européens où cette méthode connaît un engouement populaire important. La sensibilisation de la société civile sur les risques encourus est l'une des mesures de prévention à prendre rapidement. Mais, il faut aussi mettre un terme à ces charlatans qui exercent sans aucune impunité. Quoique controversée, cette thérapie commence à intéresser les scientifiques qui réalisent des expériences et des recherches pour tester son efficacité. Appelée aussi incisiothérapie (cupping therapy) ou encore phlébotomie, cette technique remonterait à bien plus loin que la naissance de l'Islam. Elle aurait été pratiquée dans l'antiquité avant de réapparaître et de connaître un nouvel essor chez les Arabes au Xe siècle. En Europe, c'est vers le XVIIe siècle qu'elle avait connu un regain de popularité. Chabane BOUARISSA