La justesse de cette mobilisation apparaît dans le fait que des personnalités, que rien, sinon peu de choses les réunissent, se retrouvent à plaider communément la cause du vieux militant. Le cri d'alerte lancé par l'avocat et militant des droits de l'Homme, Me Abdennour Ali-Yahia, afin de dénoncer l'arbitraire qu'il subit a fini par mobiliser la société civile. Apportant un soutien au vieux militant, des membres actifs de la société civile, des journalistes, des militants et des citoyens de tous bords ont lancé une pétition pour dénoncer l'"arbitraire" et le déni de droit auquel est confronté l'ancien président de la Ligue algérienne de défense des droits de l'Homme. Dans le texte de la pétition, il est exigé "justice pour Me Abdennour Ali-Yahia". Les signataires estiment que "l'arbitraire a encore frappé ! Cette fois, la victime est un célèbre avocat, militant toujours actif à 98 ans, qui a combattu pour la libération de l'Algérie et les libertés des Algériens : Me Abdennour Ali-Yahia". "Après la prison et les calomnies dont il a été la cible récurrente, les manipulateurs de l'ombre n'ont pas hésité à recourir à des procédés indignes et mesquins en représailles contre ses positions tranchées", ajoute le texte, rappelant que "la loi permet aux citoyens d'acquérir les logements qu'ils occupent régulièrement", précisant que "tous ses voisins ont bénéficié de cette même loi", regrettant que "Me Abdennour Ali-Yahia en est exclu sans motif légal". Pour les signataires de ce texte de soutien, l'affaire d'Ali-Yahia "révèle une fois encore des pratiques occultes qui défient le droit et la morale : l'impunité pour les délinquants du sérail dont les frasques ne cessent de défrayer la chronique, et le harcèlement contre les citoyens intègres qui militent pour l'Etat de droit, le respect des droits de l'Homme et la promotion des libertés du citoyen". À travers cette pétition, les signataires expriment, d'abord, leur solidarité avec "l'infatigable militant", dénoncent "le déni de justice qui a frappé Me Abdennour Ali-Yahia et exigent qu'il soit rétabli dans ses droits de citoyen". Ces mêmes signataires appellent "à la mobilisation pacifique" pour "révéler la situation de tous les biens de l'Etat", notamment "les résidences somptueuses acquises au dinar symbolique par les privilégiés du régime, pour les restituer au patrimoine national". La justesse de cette mobilisation apparaît dans le fait que des personnalités, que rien, sinon peu de choses les réunissent, se retrouvent à plaider communément la cause du vieux militant. Pour rappel, Me Abdennour Ali-Yahia a tenu récemment une conférence de presse afin de dénoncer l'interdiction qui lui a été faite de racheter son appartement qu'il occupe depuis 1962. Dans sa déclaration, l'avocat a souligné avoir sollicité toutes les institutions concernées, en vain. "J'ai sollicité les Domaines pour trouver une issue, surtout que quatre autres locataires ont acheté leur bien, mais je n'ai jamais eu de réponse", a-t-il dit, estimant que sa décision de rendre publique l'affaire "vise plutôt à dénoncer un déni dont sont victimes plusieurs Algériens". Pour lui, les instigateurs de ce déni et de cette injustice "se situent au-delà du gouvernement". Me Ali-Yahia avait estimé qu'"il faut chercher la vérité et la dire quoi qu'il en coûte", qualifiant l'affaire "de question morale et d'exigence politique". L'avocat avait également accusé le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, qui, selon lui, "a couvert et a ordonné cette injustice". L'avocat est convaincu qu'Ouyahia "s'attaque et tente de détruire les militants qui défendent les libertés quotidiennement bafouées, altérées et aliénées". Parmi les premiers signataires de la pétition, on retrouve, entre autres, Djamila Bouhired, Lahouari Addi, Mokrane Aït Larbi, Hmida Ayachi, Nordine Azouz, Hichem Baba-Ahmed (Le HIC), Slimane Benaïssa, Mohamed Benchicou, Nacer Djabi, Sadek Hadjeres, Mohamed Harbi, Ferhat Mehenni, Saïd Sadi, Boualem Sansal... Mohamed Mouloudj