C'est dans la discrétion la plus totale qu'a été concoctée et diffusée, dans les milieux financiers,cette instruction. Tout recours à l'endettement extérieur est prohibé (mot utilisé dans le texte), en un mot, interdit pour les entreprises publiques, pour les administrations et pour les banques publiques. Il faut tout régler cash. C'est ce que dit la circulaire Ouyahia du 6 avril 2005 à peine dévoilée par le Premier ministre lors de la déclaration de politique générale, indiquent des sources sûres concordantes. En fait, cette décision n'est pas tombée comme un cheveu dans la soupe. Elle a été concoctée et diffusée dans la discrétion la plus totale. C'est plus d'un mois après que le Chef du gouvernement a rendu publique une partie de son contenu sans dire qu'il s'agit d'une circulaire. Elle était connue d'un milieu restreint de professionnels et ignorée par nombre d'entrepreneurs. Cependant, il faut souligner que les crédits concessionnels, c'est-à-dire avantageux, en termes de durée et de taux d'intérêt restent autorisés. Par contre, sont exclus les crédits commerciaux généralement garantis par les agences d'assurance-crédit telles que la Coface, la Sace ou Hermes et qui entraînent un surcoût du fait, entre autres, du paiement de la prime de risque à chaque contrat de financement signé. En un mot, les crédits chers sont bannis. “C'est une bonne chose”, souligne un expert bancaire. Vers l'endettement des entreprises en dinars Comment interpréter cette décision ? D'abord, le Chef du gouvernement traduit comme dans les autres instructions une volonté du président de la République. Il s'agit là de réduire la dette extérieure du pays. L'objectif est de ramener cette dette extérieure de 21 milliards de dollars actuellement à 10 milliards de dollars à l'horizon 2009-2010. Ensuite, pour le mode opératoire, les fournisseurs étrangers d'équipements ou de biens de consommation courants seront réglés en clair grâce à un endettement en dinars. Ce qui évite le problème du risque de change. La Banque centrale est au cœur du nouveau dispositif. C'est elle qui rembourse en devises. Les banques commerciales s'occupent des règlements en dinars. Les entreprises privées exclues des financements ? La question que se pose le milieu professionnel, effet de la circulaire Ouyahia, se résume ainsi : quelle sera l'attitude des banques publiques vis-à-vis de l'endettement du secteur privé ? Les entreprises non étatiques ont besoin de financements pour couvrir en partie leurs besoins de fonctionnement et d'investissement. Allons-nous vers une exclusion des entreprises privées des financements en dinars et, partant, vers une paralysie d'une partie de l'économie nationale ? D'autant que ce secteur n'est pas régi par les règles qui président lorsqu'il s'agit d'entreprises ou d'institutions publiques. Notons que cette circulaire s'inscrit dans la foulée de l'instruction d'août 2004 d'Ouyahia qui a conditionné toute mobilisation de crédit extérieur au feu vert du ministère des Finances, suite à des dérapages commis par certaines entreprises en matière d'endettement. N. Ryad