Orphelin qu'il est du soutien de ses pairs au sein des soutiens à Bouteflika, le FLN se retrouve ainsi à cohabiter, malgré lui, avec seulement des partis microscopiques qu'il a conviés lui-même à constituer le front. Fissure au sein du clan des soutiens traditionnels au chef de l'Etat. Aucun parti de l'alliance présidentielle n'a souhaité intégrer le front populaire de soutien à Abdelaziz Bouteflika, initié par le FLN d'Ould Abbes. Le Rassemblement national démocratique (RND), Tajamou Amal El-Djazaïr (TAJ) et le Mouvement populaire algérien (MPA) ne souhaitent pas accorder leurs violons avec le FLN. Le premier à s'exprimer sur le sujet est le RND qui a fait savoir récemment par la voie de son porte-parole, Seddik Chihab, qu'il n'est pas intéressé par le projet d'un front. "Nous n'envisageons pas d'adhérer à ce front d'une manière organique", a-t-il dit en effet. Un refus, certes, diplomatique de l'offre d'Ould Abbes, mais qui n'a pas manqué de faire des émules. En effet, après le RND, c'est TAJ d'Amar Ghoul qui a pris ses distances avec l'organisation créée par Djamel Ould Abbes. Ainsi, Amar Ghoul a émis des réserves quant à l'opportunité pour son parti d'intégrer cette entité hétérogène de soutien au chef de l'Etat. Pour le chef de TAJ, ce front ne doit en aucun cas être un tremplin pour un quelconque parti politique, mais "un espace" qui devra "aller au-delà de la présidentielle de 2019". Donc contrairement à ce qu'a suggéré Oud Abbes, Ghoul tente de donner un prolongement à ce front, ce qui ne peut être du goût d'un FLN hégémonique, se considérant dépositaire du soutien à Bouteflika. Après les réserves du duo RND-TAJ, c'est au tour du Mouvement populaire algérien (MPA) d'Amara Benyounès de rejeter la proposition d'Ould Abbes. Lors de l'ouverture avant-hier de l'université d'été de son parti à Boumerdès, Amara Benyounès a estimé que le MPA "n'intégrera pas un front ou une organisation chapeauté par un parti politique". Le patron du MPA ne s'est pas suffi de rejeter l'initiative du FLN, il s'est même employé à déconsidérer l'utilité et l'opportunité de l'initiative en estimant qu'en réalité, "c'est le chef de l'Etat qui soutient ces partis et non le contraire". Convaincu que Bouteflika, qui s'est toujours présenté en candidat indépendant, "est au-dessus de toute formation politique", Amara Benyounès s'est interrogé, dans ce sillage, sur "qui soutient qui ?" soulignant que son parti "n'est pas dans une course au soutien". Orphelin qu'il est du soutien de ses pairs au sein des soutiens à Bouteflika, le FLN se retrouve ainsi à cohabiter malgré lui avec seulement des partis microscopiques qu'il a conviés lui-même à constituer le front. Ce refus des traditionnels soutiens au chef de l'Etat d'intégrer ce front populaire sous l'impulsion, mais aussi avec la conception d'Ould Abbes, qui veut en faire une succursale de l'ex-parti unique, est un réel camouflet et un échec cuisant pour le seul SG du FLN. Leur refus n'est nullement une prise de distance avec le Président, mais il semble que cette réticence à se prononcer d'une manière claire et évidente sur une autre mandature pour l'actuel chef de l'Etat, comme le fait assidûment Ould Abbes, cache probablement la peur d'un revirement de dernière minute. Mohamed Mouloudj