Le Conseil des lycées d'Alger a qualifié, hier, de “fuite en avant” la décision du ministre de l'éducation nationale de remplacer les enseignants grévistes par de nouveaux titulaires et de contractuels pour la correction de l'examen du baccalauréat. “Se passer de l'expérience des enseignants des classes de terminale sous prétexte qu'ils sont grévistes est une fuite en avant, un raccourci funeste que le ministre de l'éducation nationale emprunte pour contourner un conflit qui perdure depuis deux années, mais sans être jugulé”, indique le CLA dans un communiqué rendu public. Le ministre de l'éducation nationale, Boubekeur Benbouzid, a annoncé avant-hier depuis Ouargla, où il se trouvait en visite d'inspection, que le personnel prévu pour la correction du bac, dont les épreuves sont prévues samedi prochain, a été retenu. Quelque 22 000 enseignants ont été ainsi désignés sur les 65 000 que compte le secteur sur le territoire national. “Un personnel répondant tout à fait au profil de qualification”, avait-il précisé. “Nous considérons que cette démarche policière a contrario de l'éthique intellectuelle et morale pèsera lourdement sur l'utilité et l'objectivité de l'évaluation finale au baccalauréat”, estime le CLA. “L'utilisation de collègues, de nouveaux titulaires, et de contractuels comme évaluateurs peut, malgré le respect que nous leur devons, défavoriser de façon systématique nos élèves de terminale que nous avons accompagnés tout le long de l'année scolaire”, ajoute-t-il. Selon la structure présidée par Redouane Osmane, “les expériences en docimologie ont révélé que les sources d'erreurs de l'évaluation sont en raison dues au manque d'expérience de l'évaluateur, à la conception des sujets et à la fluctuation psychologique des candidats”. Considérant les chiffres avancés par Benbouzid “énigmatiques”, en ce sens que beaucoup d'enseignants chevronnés n'ont pas été convoqués, et que cette exclusion révèle “l'indigence” du cabinet ministériel face au conflit, le CLA rappelle enfin qu'il sera dans les centres de correction pour mener sa campagne afin de faire triompher, dit-il, la dignité des enseignants et préparer l'échéance sociale de la rentrée. R. N.