La rechute récente des cours du brut, passés de près de 90 dollars le baril à 68 dollars la semaine dernière, remet au goût du jour les vulnérabilités de l'économie algérienne face aux chocs externes. L'effort de réajustement budgétaire est d'autant plus nécessaire qu'il conditionne désormais dans une large mesure les projets de sortie de crise. D'autant plus que l'état de santé de l'économie algérienne, très affaiblie déjà par le contrechoc pétrolier de 2014, n'est point en mesure d'encaisser un second choc ; celui-ci serait d'une conséquence préjudiciable pour les positions financières internes et externes. La crise financière, née de la dépression du marché pétrolier en juin 2014, s'est soldée par une détérioration nette des positions financières ; le déficit de la balance des paiements s'est aggravé, entraînant dans son sillage une contraction des réserves de change, chutant d'un plus haut de près de 194 milliards de dollars au premier semestre 2014 à un plus bas de 88,61 milliards de dollars à juin 2018, soit une perte de près de 105 milliards de dollars sur quatre ans. Acculé par les déficits et la chute des revenus en devises, l'Exécutif s'est orienté vers des moyens de financement à risque, à savoir la planche à billets, faute d'une marge de manœuvre suffisante pour faire face à la crise. Les inquiétudes sont de retour. L'éclaircie de ces derniers mois qui prévalait sur le marché pétrolier risque d'être de courte durée si les producteurs de brut échouent à s'entendre sur de nouvelles coupes de la production. Le risque pour l'économie algérienne n'est pas banal, car les déficits pourraient s'emballer sous l'effet pesant de la rechute des cours du brut. L'aggravation du déficit de la balance des paiements pourrait à son tour entraîner une accélération de la fonte des réserves de change. Le coût social se révèlerait coûteux avec, comme éléments visibles, la hausse du taux de chômage et le retour des tensions inflationnistes, d'autant plus que la contraction des revenus pousserait, presque mathématiquement, le gouvernement à appuyer davantage sur le champignon de la planche à billets. Avant même que les prix du pétrole reprennent leur tendance baissière, perdant 20% de leur valeur sur les six dernières semaines de cotation, le FMI tablait sur une croissance du PIB qui devrait ralentir en 2019 (2,7%), sur un effet pervers du financement dit non conventionnel avec, comme prévision, un risque élevé d'un retour des fièvres inflationnistes, alors qu'au plan social, le trou d'air que connaît la croissance ferait rebondir à 13,3% le taux de chômage en 2019, contre une prévision de 11,6% pour l'année en cours. Déjà que le budget de 2019, tel qu'il figure dans la loi de finances du prochain exercice, ne pourrait s'équilibrer au-dessous de 88 dollars le baril. Ce second plongeon des prix du pétrole, s'il n'est pas endigué par les producteurs qui doivent se concerter à nouveau, en décembre, sur une probable réduction de l'offre pétrolière, pourrait compromettre les projets de sortie de crise, à l'heure où le gouvernement traîne encore lamentablement la patte sur les réformes structurelles devant aider à réduire la pression de la crise, dont l'assainissement des finances publiques et la diversification du modèle de croissance. Ali Titouche