Il est fort probable que le prix du kilogramme de banane suive une tendance baissière d'ici à la fin du mois de décembre prochain. À la faveur de la décision de ne plus interdire l'importation de ce produit, prise par le ministère du Commerce, le tarif de ce fruit pourrait baisser pour atteindre le niveau initial d'il y a plus d'une année. De près de 800 DA/kg, la banane pourrait baisser pour atteindre un prix oscillant entre 250 et 300 DA/kg. L'interdiction d'importation imposée par la tutelle et l'autorisation accordée à 5 opérateurs seulement ont engendré une situation de monopole et une spéculation portant les prix à des seuils haussiers inaccessibles à une large frange de consommateurs algériens. Ce qui a poussé d'ailleurs l'Association de protection des consommateurs (Apoce) à lancer une campagne de boycott de ce fruit. Ainsi, les 200 000 tonnes/an de bananes importées représentent un montant de 150 millions de dollars dont 70 millions de dollars que se partagent uniquement 5 importateurs. L'ouverture à l'import a concerné aussi les viandes. Si pour la banane, l'Association nationale des commerçants et artisans (Anca) a salué la décision de la tutelle, elle a, toutefois, demandé que la mesure liée aux viandes soit "temporaire". L'organisation que préside Hadj Tahar Boulenouar explique son approbation par le fait que la banane n'est pas produite en Algérie. Ce n'est pas le cas des viandes d'autant plus qu'une production, organisée en filière, existe bel et bien dans notre pays. En Algérie, l'on recense près de 800 000 tonnes de viandes produites chaque année. Entre 350 000 et 400 000 tonnes sont des viandes blanches et 450 000 tonnes sont des viandes rouges. Or, pour arriver à une autosuffisance, l'on doit produire au moins 1 million de tonnes/an. Un objectif réalisable dans les trois années à venir, estime Hadj Tahar Boulenouar qui a animé hier une conférence de presse. "L'autosuffisance ou une offre suffisante sur le marché apporteront une stabilité des prix sur le marché", affirme- t-il. Continuer de ce fait à importer de manière continuelle les viandes va fatalement léser les producteurs et les éleveurs locaux. Pis encore, ces derniers seront tentés de changer de registre du commerce, d'abandonner leur métier d'agriculteur et devenir, eux aussi, importateurs. Conséquence : la filière viandes risque de disparaître complètement. Face à cette inconcevable donne sur le marché national, le département de Saïd Djellab a décidé d'ouvrir le créneau de la banane à l'import à tous les opérateurs qui remplissent les conditions afin de mettre fin au monopole et, par ricochet, à l'envolée des prix. Cette mesure a été décidée par Saïd Djellab, conjointement avec son collègue de l'agriculture, Abdelkader Bouazghi, à l'issue d'une réunion qu'il a tenue au siège du ministère avec les directeurs des 48 marchés de gros au niveau national. La banane est, ainsi, libre d'importation par tous les opérateurs sans restriction. Ce produit sera, toutefois, inscrit dans la liste des fruits soumis à la taxe d'importation. L'action mise en œuvre par la tutelle du commerce intervient dans le cadre de l'organisation des opérations d'importation de certaines marchandises qui obéissent à des normes d'encadrement spécifiques depuis début 2018, afin de garantir la stabilité de l'approvisionnement du marché national, de lutter contre la spéculation, le monopole et la hausse des prix, et de conférer davantage de transparence et de compétitivité aux transactions commerciales. B. K.