C'est dans la région de Mopti (Centre) que les violences intercommunautaires ont engendré le plus de morts, selon plusieurs sources. Plus de 200 civils ont été tués et des milliers d'autres ont été déplacés dans le centre du Mali, selon le dernier rapport de l'ONG Human Rights Watch (HRW), publié durant le week-end. "Les milices ethniques ont tué plus de 200 civils et incendié des dizaines de villages lors de violences communautaires au centre du Mali en 2018", a indiqué le rapport de l'ONG, soulignant que "la plupart des victimes sont des villageois de l'ethnie peule qui ont été ciblés par les groupes d'autodéfense Dogon et Bambara pour leur soutien présumé aux groupes armés islamistes liés à Al-Qaïda". Mercredi, au moins une quinzaine de civils de cette communauté peule a été exécutée dans une nouvelle attaque de leur village, a rapporté Reuters, citant le gouverneur de la région de Mopti. Le rapport de HRW ne fait que confirmer cette tendance à la propagation des violences intercommunautaires sous-couvert de lutte contre le terrorisme islamiste dans le nord et le centre du Mali. Les membres de la communauté ont d'ailleurs dénoncé, à maintes reprises, ces violences, affirmant que l'engagement du chef terroriste Amadou Kouffa, tué récemment par les soldats français de l'opération Barkhane, ne fait pas des jeunes peuls des terroristes. Mais derrière cette présumée guerre contre les terroristes d'Al-Qaïda et de la branche sahélienne de l'autoproclamé Etat islamique (Daech), il se cache une lutte ancienne de contrôle des zones de pâturages et des points d'eau, nécessaires aux éleveurs de la région et aux nomades. Selon HRW, "depuis 2015, les groupes armés islamistes ont progressivement renforcé leur présence dans le centre du Mali, exécutant des dizaines de civils et des responsables gouvernementaux et commettant d'autres violations. Leur présence et le recrutement d'habitants pasteurs peuls ont attisé les tensions avec les communautés Bambara et Dogon et ont conduit à la formation de groupes d'autodéfense ethniques". En effet, de nombreux jeunes Maliens, dont des peuls, ont rejoint les groupes terroristes par contrainte ou par désespoir, en raison de la situation socioéconomique dans le centre et le nord du Mali, où l'application de l'accord de paix et de réconciliation, issu du processus d'Alger, piétine depuis sa signature en mai-juin 2015. De nombreux maliens souffrent de la mal-vie et du chômage, ce qui a profité aux groupes terroristes islamistes, mais aussi aux trafiquants de tous bords, pour recruter dans les populations isolées. L'absence de l'autorité de l'Etat et laisser la porte ouverte à tous les abus, comme le souligne d'ailleurs le rapport de 148 pages de HRW. "Des milices commettent des meurtres dans le centre du Mali et des actes de tortures abusivement", a déclaré Corinne Dufka, directrice de la division Sahel de HRW et auteur de ce rapport. "Le rythme et la brutalité de la violence sont alarmants, de même que l'incapacité du gouvernement à enquêter et à traduire les responsables en justice", a affirmé l'ONG