Il est, à travers l'histoire, de saisissantes similitudes qui tendent à corroborer la croyance religieuse hindoue de la réincarnation des âmes dans la trajectoire transéculaire de leur karma.Ainsi, on retrouve dans la sphère politique algérienne l'impact de l'ADN des tyrans que furent les empereurs romains, Caligula et Néron, réputés pour leur folie destructrice. Dans un mépris mégalomaniaque à l'endroit des représentants du peuple et des institutions, Caligula (37 à 41) aurait désigné son cheval en qualité de sénateur. Tout aussi démentiel, Néron (54 à 68) aurait trouvé, pâmé de béatitude esthétique, quelque beauté dans le tableau des flammes de l'incendie qui ravageait Rome. Comment ne pas établir un parallèle avec l'actualité algérienne, au constat du degré de vénération vouée à des cadres en bois cernant des portraits présidentiels, en en figeant l'âge et auxquels on offre, dans un rituel tragicomique, des cadeaux et même un cheval que l'on ceint de décorations officielles et que l'on brandit, comme ce fut le cas, récemment, à la coupole du 5-Juillet, les yeux embués de larmes d'émotion, le tout dans des cérémonies où l'ineptie le dispute à la débilité collective. Le dépôt du dossier de candidature du président Bouteflika à la prochaine élection présidentielle est l'expression d'une mégalomanie et d'un entêtement pyromaniaques, dès lors que les partisans du 5e mandat font ouvertement dans la provocation à l'affrontement avec un peuple que l'on croyait, à tort, définitivement anesthésié et qui, à l'unisson, lui signifie sa fin de mission. L'on est poussé à penser que cette provocation et incitation à la violence visent à briser le pacifisme des marches populaires. La non-violence, et le civisme dont se sont armés les Algériens pour dépasser le mur de la retenue qui était la leur, semblent avoir posé problème et dérouté les partisans du recours à la force, soucieux d'orienter la revendication politique nationale, vers une impasse musclée qui arrangerait les options répressives des tenants du statu quo. Le peuple est largement averti des capacités manœuvrières et des supercheries politiciennes du régime. À défaut d'imposer des solutions de replâtrage superficielles, tardives et, désormais, dépassées par l'ampleur et la concision du profond rejet d'un système et d'hommes politiques, qui ont échoué, dangereuse est l'épreuve de force qui se profile au vu de l'obstination pour un 5e mandat rejeté globalement et dans le détail. La défiance d'une jeunesse paisible et admirable de civisme que l'on cherche à provoquer et à conduire sur le terrain de la répression pour lui confisquer le droit de prendre son destin en main, développera de terribles conséquences. Les responsabilités se devront d'être assumées par ceux qui, au sein du pouvoir, auront les mains tachées de sang. Le positionnement malheureux de blindés dans les carrefours citadins pour mater la protesta, jettera sur l'armée un discrédit et une honte ineffaçables. La fuite vers des sinécures étrangères préparées pour abriter les fins tumultueuses des itinéraires, offre des garanties très incertaines, car les crimes contre l'humanité sont imprescriptibles. Long processus séquentiel et historique, la construction d'un pays obéit à une succession d'étapes. Chaque cycle définit ses options et choisit ses hommes. Le peuple, dans sa globalité, a sonné la fin de l'étape qui, en 1962, a succédé, avec les putschs que l'on sait, à celle qui a lutté pour le recouvrement de la souveraineté nationale.L'intelligence politique commande la nécessité de remettre sans heurt, dans l'immédiat et sans tergiversation, le flambeau aux élites nationales qui, dans le cadre d'un système radicalement refondé, auront pour mission de conduire, en toute compétence et en toute sécurité, le pays vers des rives plus sereines. M. M.