Les Algériens se donnent encore rendez-vous ce vendredi pour la septième fois pour réclamer le départ de tout le système. Le mouvement populaire né au lendemain de la marche du 22 février, ne se contente plus de la démission d'Abdelaziz Bouteflika, il exige aussi la mise au ban de la société de tous ceux qui symbolisent son règne. Même s'il considère que la fin du régime de Bouteflika est en soi une grande victoire sur le despotisme, il n'en demeure pas moins que ce triomphe ne constitue qu'une bataille du long combat qui attend le "hirak". À l'unanimité, les manifestants reconnaissent que le chemin à parcourir pour la satisfaction de toutes leurs revendications nécessite endurance et patience. De ces deux qualités, la population semble bien armée. Elle revendique une phase de transition sans les trois "B" (Bensalah, Bedoui et Belaïz). "Le rendez-vous est pris pour ce vendredi 5 avril avec une armée unifiée, mais sans Bensalah, Belaïz et Bedoui", écrit sur son post un internaute qui appelle les citoyens à marcher pour désavouer le gouvernement Bedoui. Aux membres de cet exécutif cooptés, la rue préfère un gouvernement composé d'enfants du peuple : des femmes et des hommes propres qui n'ont aucun lien avec le sérail. Des associations organisées en un collectif appelé "Dynamique de la société civile pour une sortie de crise pacifique", refusent toute transition prônée par le système. Dans un communiqué, ces organisations lancent un appel pour des manifestations demain afin d'enclencher le changement démocratique auquel aspire le peuple. Les signataires de l'appel demandent aux Algériens de "maintenir la pression et de sortir massivement" demain dans toutes les villes du pays. Pour ce collectif qui regroupe 21 associations, l'application de l'article 102 de la Constitution ne garantit aucunement une transition indépendante du système comme le souhaite la population. La seule victoire majeure dont pourront s'enorgueillir les millions d'Algériens, c'est de rendre effective la rupture avec le système. Ensuite, viendra le passage à une deuxième République à travers des "institutions de transition consensuelles, fortes et représentatives de la volonté du peuple", affirme le collectif. Ainsi, outre les Algérois, des foules nombreuses se déplaceront demain pour battre le pavé, c'est le cas d'un citoyen de Fréha à Tizi Ouzou qui, sur son post Facebook, écrit : "Transport assuré ! Rendez-vous ce vendredi 5 avril 2019 à partir de 6h du matin devant le monument ! Des bus sont assurés et garantis par des bénévoles afin d'aller vers Alger ! Soyons nombreux et continuons à réclamer haut et fort le départ de ce système". Pour confirmer sa présence, ce vendredi, un autre internaute, non sans un brin d'ironie, précise : "Je marche, tu marches, nous marchons... ils partent." Ainsi, l'histoire retiendra que le peuple algérien a réussi, grâce à sa détermination et à sa mobilisation, à annihiler une autocratie qui a sévi pendant 20 ans. C'est dire que nul ne peut arrêter un peuple sur le chemin de son destin. Aucun pouvoir n'est supérieur à celui du peuple… B. K.