En gestation depuis quelques jours, le mouvement de redressement au sein du RND s'organise et passe à l'offensive. Hier, ce sont plusieurs dizaines de personnes qui se sont rassemblées devant le siège du parti à Alger pour réclamer le départ d'Ahmed Ouyahia de la tête du RND. Même si les présents au rassemblement n'avaient pas tous le même objectif, le départ d'Ahmed Ouyahia semble être le dénominateur commun de tous ces frondeurs au sein du RND. Menés par Seddik Chihab, porte-parole du parti et responsable de la section de la wilaya d'Alger du RND, et Belkacem Mellah, ancien responsable au sein de la même formation, les protestataires qui se réclament de la base militante du parti n'étaient pas tendres avec Ahmed Ouyahia. Sous les cris d'"Ahmed Ouyahia dégage", "Vous êtes un traître", "Vous avez couvert la mafia"…, les manifestants ont exprimé leur opposition au SG du RND. Devant le siège national à Ben Aknoun, complètement quadrillé par la police, les manifestants ont brandi des pancartes appelant au départ d'Ouyahia. Plusieurs manifestants ont estimé qu'"un homme politique qui n'a pas pu gérer convenablement le gouvernement 8 fois durant est incapable de gérer un parti politique". Parmi les présents, un groupe qui se réclame des victimes du terrorisme, des Patriotes, des anciens militaires et des gardes communaux, considère que "tous les responsables du RND doivent partir". "Nous sommes avec le mouvement citoyen et tous ceux qui ont géré le RND doivent partir. Ils sont également concernés par le fameux ‘Irouhou gaâ'" (ils doivent tous partir), lance une dame qui se disait victime du terrorisme. Un jeune Patriote s'en est pris à Seddik Chihab qu'il a accusé d'avoir "cautionné" la politique d'Ouyahia pendant plusieurs années avant "de se retourner contre lui". Belkacem Mellah a, quant à lui, appelé à la tenue d'un congrès extraordinaire pour désigner une nouvelle direction au parti, rappelant qu'il s'est toujours distingué par son opposition à Ouyahia. "Je me suis même présenté en 2016 à la présidence du parti contre lui", a-t-il dit. Seddik Chihab, dans une déclaration à Liberté, a estimé que "le problème au sein du RND est éminemment politique" qu'on ne peut le "confiner dans un simple souci organique". Il a estimé qu'avec ce mouvement, "c'est le RND qui est libéré de la mainmise d'Ouyahia". Dans ses déclarations, Seddik Chihab n'a pas hésité à accuser Ouyahia d'être "un chargé de mission" qui a "profité de notre confiance" pour "détourner le parti de ses objectifs". Il a souligné qu'Ouyahia "a engagé une société de gardiennage privée pour se protéger des militants", récusant, au passage, "tout recours à la force" pour accéder au siège. Dans un communiqué diffusé, hier, par les proches d'Ouyahia et s'exprimant au nom du parti, ils ont souligné que l'ex-responsable du RND à Alger, Seddik Chihab, a "entraîné un groupe de personnes étrangères au parti — le nombre ne dépassait pas les 50 — dans son action". Tout en dénonçant le procédé, le communiqué a souligné "la justesse" de la décision d'exclure Seddik Chihab des rangs du parti. Mohamed Mouloudj