Il est aujourd'hui contesté L'actuel patron du RND a-t-il réellement décidé de narguer ses détracteurs ou va-t-il prendre ses distances en espérant sauver les meubles de sa formation politique? Le camp de l'Alliance présidentielle continue de se fissurer face à la contestation sans précédent qui revendique le départ du système et de ses «figures» emblématiques. Hier, le Rassemblement national démocratique (RND) s'est vu obligé de démentir la démission de son secrétaire général, Ahmed Ouyahia. Ce dernier, connu pour être l'homme des «sales besognes», a été le premier à être sacrifié pour calmer la grogne populaire. Mais sa démission de la tête du Premier ministère n'a pas eu l'effet souhaité. Hué par les manifestants malgré sa tentative de redorer son blason en appelant à «la satisfaction dans les plus brefs délais des revendications populaires», il est aujourd'hui contesté par les militants de sa formation politique à tel point que la rumeur de sa démission a fait le tour des réseaux sociaux. Certains médias électroniques s'interrogent même si le secrétaire général n'a pas appelé aujourd'hui à une réunion du bureau national du RND pour présenter sa démission du parti, après avoir démissionné du gouvernement. Ahmed Ouyahia, faut-il le rappeler, avait démissionné en 2013 de son poste de secrétaire général, cédant devant les attaques des redresseurs du parti, à l'époque. Aujourd'hui aussi, il est face à une importante fronde au sein du parti. Il suffit de rappeler à ce sujet, les dernières déclarations de Belkacem Mellah, membre fondateur du RND et ancien secrétaire d'Etat aux Sports. Ce dernier a accusé Ahmed Ouyahia d'avoir écarté les membres fondateurs du parti et d'avoir ouvert la porte à des non-militants. «Il est regrettable qu'aucun membre fondateur du parti ne soit resté. Les membres ont tous été écartés et marginalisés, remplacés par des fonctionnaires politiques. Des anciens ministres comme Chérif Abbas, Benbouzid, Yahi, Guidoum, Derrouaz, ont été éloignés. Le RND a été loué à ceux qui ont de l'argent, venus pour leurs intérêts personnels uniquement. Aujourd'hui, je dis aux fondateurs que le RND ne meurt pas», a-t-il déclaré sur TSA Direct. Appelant à la tenue en urgence d'un congrès extraordinaire «rassembleur» du RND, dès avril prochain, Belkacem Mellah a affirmé qu'au moins 500 militants du parti le réclament. Au niveau de la base, de nombreuses défections au sein du RND ont été annoncées. Hier à titre d'exemple, des élus, cadres et militants de la wilaya de Batna ont réclamé le départ d'Ahmed Ouyahia de la tête du parti en organisant un sit-in à l'intérieur du siège local de la formation politique. Ils ont exigé un changement, mais aussi la libération du parti de «la dictature d'Ahmed Ouyahia» qui, selon eux, manque «de légitimité». Face à cette fronde au sein du parti et les rumeurs qui enflent, le RND a publié un communiqué pour démentir les informations selon lesquelles Ahmed Ouyahia s'apprêterait à remettre sa démission et assurant qu'il reste «déterminé à poursuivre sa mission» à la tête du parti. Le RND assure dans le même communiqué que Ahmed Ouyahia va se pencher sur les structures du parti afin de les renforcer et de les revitaliser. Ahmed Ouyahia a-t-il réellement décidé de narguer ses détracteurs ou va-t-il prendre ses distances en espérant sauver les meubles de sa formation politique? Difficile à faire, surtout après la très inattendue sortie du porte-parole du RND, Seddik Chihab. Ce dernier a publiquement accusé des «forces non constitutionnelles» de diriger le pays. Même si le RND a estimé que son porte-parole «avait perdu la maîtrise de ses nerfs» et assuré continuer de soutenir le plan présidentiel de sortie de crise, le mal est fait. Le RND semble désormais prendre l'eau.