Le dernier bilan de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) fait état de 345 personnes tuées et de 1 652 blessées, en trois semaines de violences à Tripoli. La situation humanitaire se détériore de jour en jour à Tripoli, où des milliers de familles sont otages des combats urbains entre les forces du maréchal Haftar et celles du Gouvernement d'union nationale (GNA), dirigé par Fayez As-Sarraj. Dans des déclarations au média Iwane Libya, Khaled Messaoud, membre de la cellule de crise du ministère des Affaires sociales du GNA, a déclaré qu'un total de 11 700 familles a fui les combats à Tripoli. La même source a rapporté que Riadh Tahar Bira, le responsable de la municipalité de Souk Djemaa, dans la périphérie de la capitale libyenne, a annoncé que 1200 familles ont été accueillies dans cette commune depuis le début de l'offensive de l'armée du maréchal Khalifa Haftar sur Tripoli. Il a également indiqué que trois centres d'accueil ont été mis à la disposition de ces familles. Devant cette situation, la Haut-Commissaire des Nations unies aux droits de l'homme, Michelle Bachelet, juge "urgent de créer des couloirs humanitaires sûrs pour permettre aux civils pris au piège de quitter la capitale libyenne", et se dit préoccupée par le fait que des milliers de civils restent bloqués dans les zones touchées par le conflit à Tripoli. Dans la foulée, elle joint sa voix aux appels à un cessez-le-feu immédiat et à la reprise des pourparlers. "L'escalade des attaques dans les zones résidentielles, y compris l'utilisation d'artillerie, de roquettes et de frappes aériennes, est profondément préoccupante. Des milliers d'enfants, de femmes et d'hommes sont en danger", a affirmé la cheffe du Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l'homme (HCDH). "Je rappelle à toutes les parties au conflit que l'emploi d'armes explosives ayant des effets indiscriminés, dans des zones densément peuplées, constitue une violation du droit international humanitaire et des droits de l'homme", a ajouté Mme Bachellet. De son côté, Charlie Yaxley, porte-parole du HCR, a expliqué lors d'un point de presse à Genève que "les bombardements aveugles et les tirs nourris sont la cause de destructions et de déplacements. Et le nombre de personnes touchées augmente". Les différentes agences de l'ONU estiment que des milliers de personnes sont piégées dans la banlieue sud de Tripoli, y compris Aziziya, Swani et Aïn Zara. Par ailleurs, la Haut-Commissaire aux droits de l'homme s'est également déclarée gravement préoccupée par la sécurité d'environ 3350 migrants et réfugiés, toujours détenus dans des centres de détention près des zones de conflit. Les migrants se voient refuser l'accès aux abris pour les personnes déplacées et seraient contraints de travailler pour les milices qui contrôlent leurs centres de détention. Elle a appelé l'UE et ses Etats membres à mettre en œuvre rapidement et collectivement une réponse cohérente, fondée sur les droits de l'homme, aux migrations maritimes en provenance de Libye. Merzak Tigrine