Les importations en provenance des Etats-Unis, de Chine, d'Australie, de Russie et d'Iran vont certainement exercer une forte pression sur les exportations algériennes. La production de gaz aux Etats-Unis a bondi de "11,5 % en 2018", son taux de croissance "le plus élevé depuis 1951", faisant du pays le plus gros contributeur à la croissance de la production de gaz dans le monde. La Chine, l'Australie, la Russie et l'Iran ont également enregistré une "production record". Ces indications figurent dans le dernier rapport de l'Agence internationale de l'énergie (AIE). Le document souligne également que la production de schiste "continue de croître" et les Etats-Unis continueront de "dominer la croissance de l'approvisionnement mondial en gaz" et leur production annuelle devrait continuer de "progresser d'ici à 2024". On observe ainsi l'apparition de nouvelles tendances en matière d'approvisionnement en gaz qui préfigurent, peut-être, ce que pourrait être demain le marché mondial du gaz. Dans ce nouveau contexte, l'Algérie risque de se trouver dans une fâcheuse situation, car les importations en provenance des Etat-Unis, de Chine, d'Australie, de Russie et d'Iran vont certainement exercer une forte pression sur ses exportations. Il est probable qu'il en résultera une concurrence accrue au sein de l'Union européenne, le débouché naturel pour les exportations algériennes, où les places seront très chères pour les pays les moins bien outillés en matière de capacités d'exportation, comme c'est le cas de l'Algérie aujourd'hui. Dans un marché du gaz libéralisé, il y a plus de vingt ans, il est tout à fait normal que l'Union européenne choisisse parmi les fournisseurs de gaz les plus efficaces et les plus avantageux en matière de prix et de fiabilité des livraisons. Le pays se heurte aujourd'hui à un problème d'offre, parce qu'il n'a pas suffisamment investi au cours des dernières années dans l'amont gazier, pendant que ses concurrents exploraient de nouveaux débouchés pour leur gaz, en ayant la main lourde. En 2018, l'Algérie n'a exporté que 51,5 milliards de m3 dont 75% transportés par gazoduc et 25% expédiés sous forme de GNL. La moisson a été maigre. De fait, les perspectives semblent plus inquiétantes. Le pays doit se mordre les doigts d'avoir perdu du terrain à un moment où la demande gazière demeure forte sur le marché mondial. Il a, ainsi, raté une opportunité de se replacer sur une meilleure trajectoire, pour l'atteinte des objectifs qu'il s'est donnés dans le domaine du gaz. La demande mondiale de gaz (consommation) "continuera à augmenter jusqu'à 2024", selon le rapport sus-évoqué. Le document note que "l'année 2018 a été une autre année en or pour le gaz naturel". La consommation de gaz naturel devrait, y est-il ajouté, "croître à un taux annuel moyen de 1,6% d'ici à 2024, revenant à la tendance d'avant 2017". Il est peu probable, poursuit le rapport, que "la forte croissance de 2018 devienne la norme à l'avenir en raison du ralentissement de la croissance économique, du potentiel décroissant de conversion du charbon au gaz et du retour à des conditions météorologiques moyennes après l'été exceptionnellement chaud de l'hémisphère nord de l'année dernière".