Ils revendiquent leur droit d'expression et le droit d'informer. Les journalistes de la télévision publique, EPTV, qui regroupe cinq chaînes, ont organisé, hier, en début d'après-midi, leur traditionnel rassemblement de protestation devant l'entrée principale de l'entreprise sise au boulevard des Martyrs, à Alger. Comme chaque lundi, les journalistes, rassemblés devant le grand portail métallique du siège de la télévision publique, ont crié leur indignation contre le contrôle et la censure qui ont été érigés en règle dans leur rédaction. Ces derniers revendiquent leur droit d'expression et le droit d'informer les téléspectateurs. Sur les pancartes brandies, on pouvait lire : "Journalistes unis pour la dignité et la liberté d'expression", "Parole libre et responsable", "Non à l'opacité". Malgré le manque de solidarité de leurs autres confères, les dizaines de journalistes, les plus engagés et les plus sensibilisés sur la nécessité de faire du service public, ne veulent pas lâcher prise. Pourtant, pour avoir soutenu la dynamique populaire et s'être engagés contre le musellement des médias publics, certains d'entre eux ont été sévèrement sanctionnés. Des émissions de débats ont été retirées de la grille des programmes. Né de la mobilisation populaire du 22 février, ce mouvement de contestation des journalistes de l'EPTV avait permis, dans un premier temps, une certaine ouverture qui s'est concrétisée avec l'organisation de débats politiques avec des personnalités bannies des écrans de l'Unique, comme on surnommait la télévision publique, pendant une vingtaine d'années. Reste que, ce n'était qu'une légère éclaircie qui s'est vite estompée. En effet, après avoir ouvert partiellement l'antenne à l'opposition, l'EPTV a renoué avec ses mauvaises habitudes. Ces dernières semaines, la télévision nationale, toutes chaînes confondues, a considérablement réduit la couverture des marches du vendredi et a limité la fréquence des débats. Dirigée, désormais, par Salim Rebahi (ancien conseiller en communication de Bensalah au Sénat), l'EPTV retrouve ses vieux réflexes en se mettant en décalage avec sa mission de service public. La valse des DG opérée ces dernières semaines à la télévision publique nationale n'aura finalement servi à rien. Rien n'a changé dans les pratiques de l'audiovisuel public. "Tout ce qui ne va pas dans le sens des décideurs est banni", nous explique un journaliste de l'ENTV. "Il n'est pas permis d'évoquer à l'antenne l'option de la transition ou de critiquer la solution constitutionnelle", ajoute la même source.