Les protestataires qui s'étaient rassemblés devant la porte principale de l'entreprise ont scandé des slogans appelant à libérer la parole. Pour le 14e lundi consécutif, depuis le 27 février, journalistes, techniciens et réalisateurs, qui représentent les 5 chaînes de l'entreprise de télévision nationale EPTV, ont tenu, hier en début d'après-midi, un sit-in pour réclamer un service public de télévision, en soulignant notamment le droit à l'expression de tous les Algériens, sans exception, à travers ce média lourd. Les protestataires, qui s'étaient rassemblés devant la porte principale de l'entreprise, ont scandé des slogans appelant à mettre fin à la censure et à libérer la télévision. "Barakat la censure" (pour que cesse la censure !), "Sahafa, Hourriya, Mas'ouliya (presse, liberté et responsabilité) et "Libérez la télé, laissez-nous travailler". Les pancartes qu'ils ont brandies résumaient aussi leurs revendications. Ainsi, on pouvait lire : "Aucun changement sans solidarité, sans détermination ! Chers collègues rejoignez-nous ! Non à la censure. Liberté d'expression", "Journalistes unis pour la dignité et la liberté d'expression", "Libérez la télévision" et "Oui à un service public réel !", ainsi que "Plus jamais de censure, plus jamais de manipulation de l'information, journalistes déterminés à libérer la parole". Abdelmadjid Benkaci, journaliste de Canal Algérie et l'un des animateurs de ce rassemblement, a indiqué : "Notre combat est clair, nous revendiquons un service public, pour lequel la Constitution dit clairement que le droit à l'information est constitutionnel. Et on ne veut pas être une télévision qui répond uniquement aux appels du pouvoir. On veut être une télévision qui soit le miroir du peuple algérien, qui a besoin et veut voir ses réalités à travers cette télévision publique pour laquelle il paie des impôts." Et ce, avant de rappeler : "Nous sommes plus de 350 signataires de la première plateforme, donc nous restons collés à ce principe. Nous n'avons pas d'autres revendications. Nous ne sommes contre personne, nous sommes pour un service public de télévision publique algérienne. Nous voulons être une réelle télévision publique impartiale qui diffuse toutes les vérités." D'ailleurs, dit-il encore, "même l'autorité militaire s'est exprimée la dernière fois dans ce sens en disant que le devoir des journalistes est de rapporter les vérités, toutes les vérités que le peuple algérien cherche à travers sa télévision. Nous ne sommes pas en train d'enfreindre une loi". Un avis sur lequel il est rejoint par Zahra Ferhati de la chaîne amazighe, qui dira, toutefois : "On veut mettre la télévision à l'abri des luttes claniques. On n'a pas à défendre qui que ce soit, sinon la voix du peuple." En soulignant le manque d'ouverture et la faiblesse de couverture de la télévision, Abdelmadjid Benkaci a étayé son propos en citant l'exemple de la tenue, samedi dernier, de la conférence nationale de la société civile, où plus de 90 associations et syndicats ont présenté une feuille de route pour la sortie de crise du pays, mais à laquelle la télévision publique algérienne était absente, contrairement aux autres chaînes de télé, a-t-il fait remarquer, avant de commenter : "C'est une honte pour la chaîne de télévision qui prétend être celle de tous les Algériens que de ne pas couvrir cet événement." Enfin, un appel à la solidarité est lancé aux autres journalistes qui n'ont pas encore rejoint le mouvement qui, désormais, n'attire plus grand monde.