Malgré tous les risques en raison de la présence massive des forces de sécurité dans les rues, les manifestants se mobilisent de nuit et maintiennent la mobilisation. Dans ce contexte tendu, où la mobilisation est de plus en plus difficile, d'autant plus que les redoutés paramilitaires des Forces de soutien rapide (RSF) sont déployés à tous les coins de rue, des manifestations ont organisées la nuit dans de nombreux quartiers de Khartoum. C'est le cas à Jabra, où les habitants étaient au rendez-vous déterminés à maintenir la pression sur les militaires. "Liberté, paix, justice", "Nous allons installer un pouvoir civil, qu'importe le temps que ça nous prend", ont scandé les participants, avant le début du rassemblement. Avant le blocage d'internet, ils étaient des milliers à rallier marches et rassemblements annoncés sur les réseaux sociaux. "Nous voulons juste garder la communication avec les gens, pour confronter le black-out imposé par le Conseil militaire", assure Waheeb Mohamed Saïd, un militant de l'Alliance pour la liberté et le changement (ALC), fer de lance de la contestation. "Une de nos conditions pour reprendre les négociations, c'est le retour d'Internet", martèle-t-il. Ceci étant, les pourparlers entre pouvoir militaire et contestation sont suspendus depuis le 20 mai, en attendant un aboutissement de la médiation menée par l'Ethiopie. Des représentants de la contestation soudanaise devaient rencontrer hier le médiateur éthiopien pour discuter d'un document devant définir les grandes lignes de la transition. Dans un communiqué rendu public vendredi soir, l'Alliance pour la liberté et le changement (ALC), fer de lance de la contestation, a annoncé avoir reçu ce document qui représente "un accord sur les principes de la transition". Le document transmis par le médiateur éthiopien a été établi "sur la base des consultations menées avec nous et avec le conseil militaire", a souligné l'ALC dans son communiqué. "Ce document est actuellement discuté par les forces de l'ALC, qui va rencontrer le médiateur éthiopien Mahmoud Drir samedi pour lui communiquer sa position", ajoute la même source. Après plusieurs mois de manifestations qui ont mené à la destitution par l'armée du président Omar Al-Bachir le 11 avril, le Soudan est toujours le théâtre d'un bras de fer entre le Conseil militaire de transition, qui dirige le pays, et les principales forces de la contestation. Les meneurs de la contestation restent intransigeants sur plusieurs points sur lesquels ils s'étaient déjà mis d'accord avec les généraux avant l'interruption des négociations. Parmi ces conditions, il y a notamment le fait que les deux tiers du Parlement de transition doivent être réservés à l'ALC. Militaires et contestataires s'étaient également accordés sur une période de transition de trois ans, qui doit être suivie par le transfert du pouvoir à une administration civile.