La communauté universitaire de Béjaïa garde intacte sa capacité de mobilisation. C'est ce qu'on a observé, hier, dans les rues de la ville. Bien que les étudiants aient été moins nombreux — période des examens et des soutenances —, les enseignants et les ATS ont assuré, en occupant la rue et en réussissant à former deux carrés, distincts et tout en couleur. Concernant leur itinéraire, changé pour la circonstance — ils ont renoncé au rassemblement habituel sur la place de la Liberté d'expression Saïd-Mekbel —, ils ont préféré poursuivre la marche en passant par le palais de justice avant de regagner le campus de Targa Ouzemour, point de départ de la manifestation, pour une bonne partie d'entre eux. Les manifestants ont tenu à dénoncer les arrestations "arbitraires", qui continuent à être opérées, notamment à Alger, et dont le seul tort des détenus est d'avoir "manifesté avec le drapeau amazigh, voire porté un pin's aux couleurs du drapeau amazigh", nous a indiqué avec regret un enseignant au milieu de la foule. C'est du moins le message essentiel que les enseignants, les ATS de l'université ainsi que les étudiants présents avaient tenu à faire passer, en ce 19e mardi de mobilisation. Les marcheurs ont adapté leurs slogans, en se focalisant sur les manifestants et les personnalités arrêtées, à l'instar du moudjahid Lakhdar Bouregâa. Pour eux, le pouvoir politique n'a de cesse de travailler dans le sens de "diviser la société, comprendre du hirak". Un enseignant, engagé dans le mouvement depuis le 26 février dernier, a indiqué craindre de nouvelles arrestations vendredi prochain. Selon lui, c'est à dessein que le pouvoir politique agit de la sorte. "On veut priver les Algériens de leur aspiration essentielle : la liberté. Une façon de les punir, de les soumettre, de les dompter ou de les briser. Mais si nous demeurons unis, ils ne réussiront pas. Les Algériens sont au demeurant très décidés. C'est le message que nous voulons faire passer aujourd'hui en restant engagés et mobilisés", a-t-il assuré. Et pour le 19e mardi, les manifestants continuent à réclamer "une transition démocratique" et l'instauration d'un "Etat de droit".