Ni la charge des cours, ni celle des examens et des contrôles de cette fin d'année universitaire, qui ont accusé un grand retard, ni la canicule exceptionnelle que vit la ville depuis plusieurs jours, n'ont empêché les étudiants et enseignants des différents instituts et facultés de marcher, comme à leur habitude à la mi-journée, pour le 20e mardi consécutif depuis le 26 février dernier. Un vingtième mardi qui coïncide avec la fin des 90 jours d'intérim accordés par la Constitution à la tête de l'Etat pour Abdelkader Bensalah. La communauté universitaire constantinoise n'a pas omis cette situation dans ses slogans et sur les écriteaux invitant le chef de l'Etat par intérim à partir. "Bienvenus à bord du vide constitutionnel", pouvait-on lire, en effet, sur une pancarte portée par une jeune étudiante qui estime que "si par le passé, nous avons assisté à des viols à répétition de la Constitution, nous relevons aujourd'hui que les textes de la loi fondamentale du pays sont piétinés par ceux-là mêmes qui soutiennent que la voie du salut réside dans le respect de l'esprit de la Constitution". Autres slogans qui ont également marqué cette marche, "Libérez Bouregâa", "Libérez khawetna", allusion faite aux manifestants emprisonnés et autres détenus d'opinion. Outre le chef d'état-major de l'armée devenu un privilégié des quolibets de manifestants à l'instar de "Dawla madania machi âskaria", "Leblad bladna wa el Gaïd khan'na" et autre "Echaâb la yourid houkm el âskar min jadid", les étudiants ont réservé une part de leurs slogans aux Emirats et à l'Arabie saoudite qu'ils accusent d'attiser la sédition en Algérie. Aussi, les ont-ils mis dans le même panier que les partis politiques FLN, RND, TAJ et MPA, tous qualifiés de traîtres et d'alliés des ennemis de l'Algérie. Enfin, s'il n'a pas drainé autant de monde que lors des marches précédentes pour des raisons bien connues, ce vingtième acte de mobilisation estudiantine confirme en revanche que la détermination de cette communauté n'a pas fléchi. D'ailleurs, parmi les marcheurs d'hier, beaucoup étaient présents la veille à l'accueil du ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, Tayeb Bouzid, qui a été hué à son arrivée à la faculté des sciences de la terre, de géographie et de l'aménagement urbain alors que d'autres l'attendaient à la faculté de droit Tidjani-Haddam, une escale annulée en dernière minute du programme de visite de la délégation ministérielle à Constantine. Kamel Ghimouze