L'Algérie a perdu 7,28 milliards de dollars sur ses réserves de changes à l'issue des quatre premiers mois de l'année. Le solde s'établit à 72,6 milliards de dollars à la fin du mois d'avril 2019. Les réserves de changes de l'Algérie ont reculé à 72,6 milliards de dollars à la fin du mois d'avril 2019, contre 79,88 milliards de dollars à fin décembre. Le pays a ainsi perdu 7,28 milliards de dollars en quatre mois seulement ; une perte due essentiellement au déficit chronique de la balance des paiements, alors que les différents gouvernements qui se sont succédé depuis 2014 se sont peu investis dans les réformes budgétaires en mesure de freiner l'érosion des réserves de change. Plutôt que d'engager des réformes de fond capables de freiner la trajectoire baissière des réserves de changes, ces gouvernements continuaient à brûler la chandelle par les deux bouts, à l'heure où le marché pétrolier connaissait un de ses pipositions financières internes et externes du pays. Sur l'ensemble de l'anres contrechocs. Lesquels se sont traduits par une forte fragilisation des née 2018, l'Algérie a perdu 17,45 milliards de dollars sur ses réserves de changes. Résultat : non seulement aucune plus-value apportée à l'épargne en devises depuis 2014, mais une perte sèche de plus de 120 milliards de dollars a été enregistrée depuis la mi-juin 2014, date qui marquait le début d'une longue et si préjudiciable dégringolade des cours du brut sur le marché pétrolier mondial. À cette même date, les réserves de changes de l'Algérie caracolaient à plus de 193 milliards de dollars, contre 72,6 milliards de dollars à fin avril 2019. En moins de cinq ans, l'Algérie a perdu ainsi environ 121 milliards de dollars sur ses réserves de changes. Cette forte érosion des réserves de changes est due essentiellement aux déficits records de la balance des paiements de ces dernières années, conjugués, bien évidemment, à l'effet de valorisation négatif. Le solde global de la balance des paiements affichait un déficit de 15,82 milliards de dollars en 2018, de 21,76 milliards de dollars en 2017, de 26,03 milliards de dollars en 2016 et 27,54 milliards de dollars en 2015. Bien qu'il soit en baisse, ce déficit continuait à exercer un effet négatif sur l'évolution de l'épargne en devises investie dans les banques américaines et européennes. Sur les trois prochains exercices, faute de réformes budgétaires de fond, le mouvement baissier des stocks en devises ne serait pas freiné, puisque la trajectoire budgétaire conçue par le précédent gouvernement prévoit, pour la période 2019-2021, une baisse des réserves de changes à 62 milliards de dollars en 2019, puis à 47,8 milliards de dollars en 2020 pour atteindre 33,8 milliards de dollars en 2021. Dans une récente note de conjoncture, la Banque d'Algérie a mis la fonte accélérée des réserves de changes sur le compte de "l'excès de la dépense intérieure brute de l'ensemble des agents économiques sur le revenu national". Autrement dit, la Banque centrale pointe l'excès des importations de biens et services sur les exportations. "Dans les faits, ces déséquilibres sont générés par les importants déficits des finances publiques". La Banque d'Algérie, qui s'inquiétait à nouveau de cette fonte accélérée des réserves de changes, a une nouvelle fois souligné la nécessité d'efforts d'ajustement soutenus, notamment budgétaire, pour rétablir la viabilité de la balance des paiements et limiter l'érosion des réserves officielles de changes. Ainsi, contrairement à l'optimisme affiché par son ancien gouverneur, Mohamed Loukal, l'institution monétaire sonne carrément le tocsin quant à une érosion porteuse de dangers à moyen terme.