Accusée de crimes de guerre au Yémen, la coalition arabe dirigée par l'Arabie Saoudite avait été brièvement inscrite sur la liste noire de l'ONU en 2016, avant son retrait sous la pression de Riyad et de ses alliés. Au moins 729 enfants ont été victimes en 2018 de la guerre d'agression saoudienne au Yémen, sous le couvert de la coalition arabe, a indiqué le Secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, dans un rapport présenté à New York vendredi soir, a rapporté l'agence de presse Reuters. Ce nombre de victimes représente plus de la moitié des enfants ayant péri dans le monde, durant la même période. Dans ce rapport inscrivant la coalition arabe sur la liste noire pour la troisième année consécutive, Antonio Guterres a condamné "ce nombre croissant d'enfants victimes, qui sont souvent le résultat d'attaques dans des zones densément peuplées et contre des cibles civiles, y compris des écoles et des hôpitaux", lit-on encore sur le site de l'agence de presse. "Le nombre élevé d'enfants tués par les forces gouvernementales, la coalition, ainsi que par la résistance populaire persistante (…), ainsi que la mutilation d'enfants sont de plus en plus préoccupants", a alerté ce rapport élaboré par Virginia Gambia, l'envoyée spéciale de l'ONU pour l'enfance et les conflits armés, sur demande (chaque année) du Conseil de sécurité de cette institution internationale. Le rapport précise d'ailleurs que les houthis, en guerre contre le gouvernement exilé à Aden depuis 2013, ont tué ou blessé 398 enfants, tandis que les forces gouvernementales ont touché par leurs raids 58 enfants au cours de la même année 2018. L'Arabie Saoudite a nié ces chiffres, allant même jusqu'à mettre en doute la crédibilité des personnes et organisations chargées de cette enquête, alors que de nombreux rapports d'organismes humanitaires onusiens ou indépendants n'ont pas cessé d'alerter sur le drame humain au Yémen et les dégâts occasionnés par l'intervention militaire saoudienne dans ce pays de l'extrême sud-ouest de la péninsule Arabique. Même si ce rapport n'implique aucune sanction contre l'Arabie Saoudite et les parties impliquées dans ce conflit armé, cela aura un coût politique pour Riyad et sur les grandes puissances qui soutiennent sa coalition militaire et lui fournissent des armes à l'usage interdit par les conventions internationales. Par ailleurs, l'occupant israélien figure en deuxième position dans ce rapport, en raison de la multiplication du nombre d'enfants tués par l'armée israélienne en Cisjordanie occupée et dans la bande de Gaza, sous blocus depuis 2007. Le rapport de l'ONU mentionne que le nombre d'enfants palestiniens tués par Israël en 2018 était le plus élevé depuis 2014. "L'année dernière, 59 enfants palestiniens ont été tués, dont 56 par les forces israéliennes, et 2756 autres ont été blessés", a rapporté encore Reuter, soulignant que les forces israéliennes avaient blessé 2674 enfants "dans le cadre de manifestations, d'affrontements, de perquisitions et d'arrestations" de Palestiniens qui réclament la levée du blocus imposé à Gaza et l'établissement d'un Etat palestinien indépendant. Tout comme Riyad, Tel-Aviv a fait pression sur l'ONU pour son retrait de la liste noire onusienne. Lyès Menacer