Les collectifs qui animent le mouvement de contestation dans l'Hexagone veulent rester unis pour donner plus d'écho à leurs revendications. Les Algériens qui ont manifesté hier après-midi, sur la place de la République à Paris, pour la 31e fois consécutive depuis le 19 février dernier, avaient en tête le premier tour de l'élection présidentielle tunisienne qui a eu lieu hier. "Ce pays a été gouverné par un dictateur pendant plus de vingt ans. On le croyait soumis et résigné et le voilà devenu aujourd'hui un exemple pour toute l'Afrique du Nord. Nous avons aussi la possibilité de nous défaire du joug militaire qui est en train de s'installer en Algérie. Poursuivons la lutte et faisons en sorte de rester unis, face la bande qui s'accroche au pouvoir et à ses relais", a préconisé un des manifestants. "Ceux qui ont conduit le pays à sa perte ne peuvent pas le sauver", a souligné un autre compatriote en insistant sur le rejet des élections envisagées par le régime pour sauver, dit-il l'ordre institutionnel au détriment des revendications populaires. La plupart des présents sur la place de la République ont manifesté leur solidarité avec les détenus d'opinion. "L'arrestation de Karim Tabbou, même si elle était prévisible, m'a profondément choquée. Elle montre que la bande est déterminée à briser le hirak en le privant, graduellement de ses figures de proue. Que feront-ils la prochaine fois, arrêter Djamila Bouhired en l'accusant aussi de porter atteinte au moral de l'armée ?", s'est indignée une dame. Contrairement aux dimanches précédents, la place de la République n'était pas totalement remplie. La foule massée autour des agoras organisées par les différents collectifs était moins importante que d'habitude. Certains manifestants ont préféré se joindre à une marche pour les libertés démocratiques, organisée par des organisations maghrébines. Après quelques jours de flottement, des collectifs algériens (Debout l'Algérie et Libérons l'Algérie notamment) ont décidé, quant à eux, de suspendre leur participation, estimant qu'un tel événement pourrait noyer leurs revendications. "Nous ne devons pas nous disperser car le pouvoir à Alger n'attend que cela. Il ne veut pas nous voir manifester chaque semaine car nos voix rappellent au monde que la situation n'est pas normalisée en Algérie, qu'il y a un peuple qui continue de lutter pour ses droits et qu'il n'est pas prêt à jeter l'éponge", a expliqué un des animateurs de Libérons l'Algérie. Pour consolider son travail de vulgarisation, le collectif a organisé, la veille du rassemblement, une journée d'étude à laquelle ont pris part, juristes, sociologues, historiens, journalistes et militants des associations de la diaspora comme Acda (Agir pour le changement démocratique en Algérie), l'UEAF (Union des étudiants algériens de France), les Amis de l'Académie berbère…. De son côté, le groupe Dzayer 2.0 a initié hier un débat autour des verrous constitutionnels utilisés par le pouvoir pour fermer le jeu démocratique.