Les mots d'ordre de la marche d'hier n'ont pas dérogé à la règle, puisqu'ils ont clairement rejeté la présidentielle imposée dans les conditions actuelles. Le mardi de la contestation à Oran a superbement répondu à l'intransigeance du chef d'état-major de l'ANP d'acter une présidentielle officialisée de manière maladroite par le dernier discours du président de la République par intérim. Hier, les manifestants ont répondu à l'appel hebdomadaire pour crier haut et fort tout le bien qu'ils pensent de Gaïd Salah et des autres symboles du régime de Bouteflika et qui sont toujours à la tête des institutions de l'Etat. "RND, FLN, houkouma, Parlement, yatnahaw gaâ", a scandé la foule, en vilipendant particulièrement l'ex-parti unique, "FLN khawana". Les mots d'ordre de la marche d'hier n'ont pas dérogé à la règle, puisqu'ils ont clairement rejeté la présidentielle imposée dans les conditions actuelles, un rejet superbement résumé dans quelques pancartes brandies : "Je ne voterai pas contre mon pays" ou encore "Vote égal suicide". Ainsi, et pour le 30e mardi de la colère, les manifestants ont résolument dit non à l'élection présidentielle version Gaïd Salah à travers un répertoire de chants révolutionnaires qui semblent s'enrichir à chaque fois. "Oulach l'vote oulach", "Pouvoir assassin", "Chaâb yourid isqat Gaïd Salah" (Le peuple veut la chute de Gaïd Salah), "Makanch intikhabat mâa el-iîssabat" (Pas d'élections avec la bande), "Gaïd Salah, dez maâhoum, intikhabat ghir nsahoum" (Gaïd Salah, tu peux toujours courir et les élections, tu peux les oublier), "Gaïd Salah, voti wahdek" (Gaïd Salah, vote tout seul) ou encore "Non aux élections aux Emirats" ont été scandés par les manifestants devant l'indifférence des passants, laquelle frise parfois l'indécence. Les prisonniers d'opinion n'ont pas été oubliés, puisque la foule, après avoir appelé à la libération de Karim Tabbou vendredi dernier, a chanté à la gloire de l'activiste Samir Belarbi, incarcéré depuis lundi dernier. "Allah Akbar, Samir Belarbi", "Allah Akbar Karim Tabbou, Gaïd Salah tab jnanou", "Talgou wladna addou wled El-Gaïd" (Libérez nos enfants et prenez ceux de Gaïd), ont encore scandé les manifestants. "Dawla madania machi âaskaria" (Un Etat civil et non militaire), "Sallimou solta li chaâb" (Rendez le pouvoir au peuple) et "Y en a marre des généraux" ont accompagné les exigences populaires pour un Etat civil et démocratique. "Klitou lebled, hajartou lewled, yatnahaw gaâ, ndirou mada 7" (Vous avez volé le pays, poussant les jeunes à fuir, vous allez tous partir et on appliquera l'article 7) a été entonné à la mémoire de tous les harragas algériens, un chant prémonitoire avec le retour des tentatives de migration clandestine vers l'Espagne et l'Italie.