À l'initiative du comité pour la libération des détenus d'opinion de Chemini (Béjaïa), des centaines de citoyens de la région des Ath Waghlis ont battu le pavé, hier, dans la ville de Sidi Aïch, pour "exiger la libération immédiate et inconditionnelle de l'ensemble des prisonniers politiques et d'opinion". L'ombre du jeune Bachir Arhab, militant du RCD de Chemini, arrêté lors de la marche du vendredi 13 septembre à Alger, mis sous mandat de dépôt à la prison d'El-Harrach, a plané sur la manifestation qui s'est ébranlée, vers 10h30, depuis le carrefour des Quatre-Chemins jouxtant l'APC de Sidi Aïch. Pour réussir cette démonstration de rue, l'édile communal de Chemini, Madjid Ouddak, a mis à la disposition de ses concitoyens les bus de la commune en vue de leur assurer le transport vers Sidi Aïch. Aux côtés des membres des familles des détenus du hirak, étaient présents deux députés du RCD, Atmane Mazouz et Nora Ouali, les P/APC de Chemini, d'El-Flaye, de Tinebdar, de Sidi Aïch, des élus locaux, le responsable du Centre de documentation et d'information en droits de l'Homme (CDDH) de Béjaïa, Hocine Boumedjane, et plusieurs autres animateurs locaux du mouvement populaire. La procession humaine, qui a sillonné l'artère principale de la ville de Sidi Aïch, a scandé à tue-tête des slogans hostiles au pouvoir en place et à l'élection présidentielle du 12 décembre prochain, tout en réclamant la libération de tous les détenus d'opinion, considérés comme des "otages" du régime. En plus des drapeaux national et amazigh, les manifestants ont brandi les portraits de certains détenus du hirak, dont ceux du jeune Cheminois Bachir Arhab, du moudjahid Lakhdar Bouregâa, du militant Karim Tabbou et de l'élue RCD à l'APW de Tizi Ouzou, Samira Messouci. Rejetant la feuille de route du régime, la foule a réitéré son refus de "cautionner la énième mascarade électorale" que veut imposer le "pouvoir de fait". Vers 11h30, les marcheurs ont convergé vers le siège du tribunal de Sidi Aïch, point de chute de la manifestation, où ils ont organisé un rassemblement ponctué par une prise de parole. Les P/APC de Chemini et d'El-Flaye, qui se sont succédé au micro, ont tenu à rappeler leur décision de bouder l'élection présidentielle du 12 décembre, en s'alignant sur la position de leurs concitoyens qui rejettent massivement ce processus électoral. "Nous nous engageons devant vous : le scrutin présidentiel n'aura pas lieu dans nos communes respectives. En tant qu'élus du peuple, nous ne pouvons aller à l'encontre de la volonté populaire", ont-ils martelé sous les applaudissements de la foule. Le député Atmane Mazouz et le représentant de la Laddh, Hocine Boumedjane, ont, pour leur part, soutenu que "l'élection présidentielle prévue pour le 12 décembre connaîtra le même sort que celles annoncées pour les 18 avril et 4 juillet derniers. Le pouvoir de fait doit savoir, aujourd'hui, que le peuple algérien rejette les discours politiques prononcés dans les casernes, car nous ne sommes pas tous des militaires. Aussi, la majorité des Algériens ne votera pas tant que les figures du système mafieux et corrompu accaparent le pouvoir".