Les avocats inscrits dans nombre de barreaux du pays menacent de boycotter les juridictions pénales. Cette éventualité sera discutée lors d'une réunion de l'Union nationale des ordres d'avocats (Unoa), qui aura lieu lundi prochain à la Cour suprême, a indiqué le premier vice-président de l'Unoa, Athmani Mohamed. Réagissant à l'appel lancé par le collectif des avocats de Tizi Ouzou invitant l'Union nationale des barreaux à boycotter les juridictions pénales à travers le territoire national, Me Athmani Mohamed a affirmé, tout en se disant "contre tout ce qui touche aux droits de la défense et aux libertés individuelles" : "Notre objectif est de défendre ces libertés", ajoutant que la décision doit être "collégiale". "Certes le bâtonnat de Tizi Ouzou a appelé au boycott, mais la décision devrait être prise au niveau de l'Unoa. Soit, une décision nationale, pour avoir du poids. Ce n'est pas chaque bâtonnat qui décide tout seul. Nous allons discuter au cas par cas toutes les situations d'atteinte aux libertés, puis nous prendrons la décision qui s'impose", a-t-il précisé, en soulignant, au nom des avocats de l'ensemble du pays, que "nous sommes tous prêts à aller au boycott". Les atteintes aux libertés individuelles et aux droits de la défense, notamment suite à la lenteur constatée de certains juges instructeurs du tribunal de Sidi M'hamed et de Bab El-Oued dans l'étude des dossiers des détenus d'opinion ainsi qu'à l'Ordre des avocats dans l'étude des dossiers des détenus d'opinion du mouvement populaire sont à l'origine d'une colère sourde qui grossit au sein de la corporation des avocats. Nombre de ces derniers menacent, à cet effet, de boycotter les juridictions pénales. Ainsi, l'Ordre des avocats de Tizi Ouzou a demandé à l'Union nationale des barreaux de mettre à exécution les résolutions de l'AG extraordinaire de Béjaïa du 6 juillet 2019, à savoir le boycott de toutes les juridictions pénales du pays jusqu'à satisfaction de la revendication de l'AG, qui consiste en la libération des détenus d'opinion. "Un non-lieu doit être ordonné dans ces dossiers dans les meilleurs délais", a exigé en effet le bâtonnat. Pour sa part, le Conseil de l'Ordre des avocats d'Alger a menacé mercredi dernier de "boycotter toutes les procédures de poursuites" contre les manifestants pacifiques. Le barreau d'Alger a dénoncé "avec regret des violations de la procédure et de la loi, qui touchent aux droits et aux libertés les plus élémentaires, ainsi qu'aux droits de la défense dans le traitement des dossiers" des détenus du hirak.