Le but de cette action de protestation est d'amener les magistrats du tribunal de Sidi M'hamed à Alger à instruire rapidement les dossiers des détenus. En réaction aux lenteurs considérées comme "voulues par les juges instructeurs du tribunal de Sidi M'hamed et de celui de Bab El-Oued, dans l'étude des dossiers des détenus d'opinion", le collectif de défense des détenus d'opinion, constitué à l'initiative du bâtonnat de Tizi Ouzou, a lancé un appel, hier, à l'Union nationale des barreaux afin de mettre à exécution les résolutions de l'AG extraordinaire tenue à Béjaïa, le 6 juillet 2019, à savoir "le boycott de toutes les juridictions pénales à travers le territoire national jusqu'à satisfaction de la revendication de l'AG". S'exprimant à travers un communiqué, signé par le bâtonnier, Salah Brahimi, les membres de ce collectif ont insisté sur le fait que "ces dossiers ne demandent aucune instruction et peuvent tout simplement être traités avec la procédure de la comparution immédiate ou de la citation directe". "Un non-lieu doit être ordonné dans ces dossiers dans les meilleurs délais car nos courageux magistrats ont déjà rendu des jugements de relaxe pour les mêmes poursuites à travers tout le territoire national", ont-ils enchaîné. La manière avec laquelle les services de sécurité et les magistrats procèdent, jusque-là, à l'encontre des manifestants n'a pas manqué de révolter ce collectif d'avocats qui a qualifié les personnes arrêtées pour leurs opinions ou leur participation aux manifestations, "d'otages du système" à travers lesquels les tenants du régime veulent, est-il ajouté dans le communiqué, "faire flancher la révolution et faire dévier la défense de sa lutte avec le peuple". "Nous ne pouvons cautionner une telle démarche et nous envisageons des actions qui seront prises en concertation avec tous les autres collectifs des autres barreaux", avise encore le bâtonnat avant d'annoncer une réunion du collectif de défense pour jeudi, 17 octobre, au bâtonnat de Tizi Ouzou. "Nous ne pouvons nous taire devant les atteintes aux libertés individuelles et démocratiques et nous refusons de cautionner les dérives d'un régime politique totalitaire", a conclu le communiqué. Contacté à ce sujet, Me Salah Brahimi a expliqué qu'un appel a été adressé à tous les collectifs d'avocats au niveau national et aux avocats qui se sont constitués individuellement pour défendre les détenus d'opinion afin de prendre part à la réunion du 17 octobre prochain où des décisions importantes seront prises. Aux yeux de Me Brahimi, "il serait même judicieux de boycotter l'instruction et la chambre d'accusation mais, d'être là, en force, le jour du procès pour défendre, corps et âme, ces détenus". Ce n'est certes qu'une proposition pour le moment, mais pour lui, "les choses ne peuvent plus, de toute manière, continuer ainsi" car, enchaîne-t-il convaincu, "ces poursuites ne sont pas fondées" et elles ne visent, soutient-il, "qu'à détourner l'opinion de l'essentiel, à savoir la révolution".