L'entêtement du pouvoir à faire passer, coûte que coûte, la loi de finances et la loi sur les hydrocarbures et à organiser l'élection présidentielle, tout en poursuivant sa répression contre les manifestants, a fini par faire réagir les étudiants de l'université de Tizi Ouzou, qui ont été nombreux à participer, hier, à la 34e marche du mardi pour le changement radical du système. S'il est vrai qu'hier encore de nombreux citoyens ont pris part à la marche, comme d'ailleurs chaque mardi depuis la rentrée sociale, la communauté universitaire, qui n'était représentée durant les mardis précédents que par quelques dizaines d'étudiants, a constitué, hier, un imposant carré composé de près d'un millier de personnes, entre étudiants, enseignants et travailleurs. La marche qui a démarré à 11h depuis l'entrée du campus Hesnaoua, peinait à avancer au début. Les policiers, qui régulaient la circulation sur l'axe de l'université, ont laissé les véhicules former trois files en sens inverse de la marche alors que d'ordinaire une seule file était autorisée. Les manifestants se sont ainsi vus contraints de réguler eux-mêmes la circulation, avant de pouvoir avancer sur l'itinéraire habituel menant vers la place de L'Olivier, à l'extrémité ouest de la ville. Deux larges banderoles ont été déployées en première ligne des deux plus importants carrés de la marche. Sur la première y est inscrite la revendication liée à la libération des détenus, à savoir "Libérez les détenus d'opinion et politiques, otages du régime", alors que la seconde se voulait une prise de position des étudiants de Tizi Ouzou quant à la loi sur les hydrocarbures, qui ne cesse d'enflammer la rue partout dans le pays. "Non à la loi sur les hydrocarbures", pouvait-on lire écrit rouge sur blanc. Ces deux principaux messages ont été complétés par de nombreux slogans et messages écrits sur des centaines de pancartes brandies à l'occasion. "Non à la loi de finances 2020", "L'Algérie n'est pas à vendre", "Kanoun el mahroukat = Kanoun el masroukat" (La loi sur les hydrocarbures est une loi pour le vol), "La répression du pouvoir est un carburant pour le peuple", "Votre époque est révolue, libérez nos détenus", "La Kabylie préfère sa cueillette d'olives à votre élection. Je ne vote pas", lit-on sur certaines pancartes. Sur une large pancarte, les manifestants ont dénoncé, comme vu de rares fois, le silence de la communauté internationale : "Ni l'ONU ni les droits de l'Homme : un silence qui en dit long." Sur d'autres, des manifestants donnaient leur propre définition du mot "hirak". "Hirak = Haute instance de restitution de l'Algérie kidnappée". Tout le long de la marche, les manifestants s'en sont pris également aux députés en scandant régulièrement : "Les députés à la poubelle, Djazaïr tedi el istiklal". "Telqou el massadjin ma baouch el cocaine", "Ya Amirouche, ya Belouizdad, el khaouana baou lebled", "Ulac l'vot ulac", scandaient-ils également.