Immortalisée dans le film La Bataille d'Alger (1966) de Gillo Pontecorvo (1919-2006), l'épopée de la guérilla urbaine au cœur de la Casbah d'Alger a été également mise en images par le bédéiste Benyoucef Abbas Kebir. Dans la nuit du 8 au 9 octobre 1957, le ciel s'était obscurci au-dessus du s'tah (terrasse) de la douéra sise au 5, rue des Abderrames, l'actuelle z'niqa Lakhdar-Bessa, suite à l'aveuglante boule de feu de la bombe qu'avaient posée les parachutistes de la 10e DP de Jacques Massu (1908-2002) emportant ce jour Ammar Ali (1930-1957) dit Ali la Pointe, Omar Yacef (1944-1957) dit Petit Omar, Hassiba Ben Bouali (1938-1957) et Mahmoud Bouhamidi (1939-1957). Immortalisée dans le film La Bataille d'Alger (1966) de Gillo Pontecorvo (1919-2006), l'épopée de la guérilla urbaine au cœur de la Casbah d'Alger a été également ressuscitée dans le récit à compte d'auteur du P'tit Omar ou La révolution dans le cartable de Souhila Amirat et Benyoucef Abbas Kebir. Une heureuse offensive mémorielle pour ne pas oublier l'ange Mourad Bensafi qu'incarnait Abdelkader Hamdi alias Mourad Ben Safi dans l'indétrônable Les enfants de novembre (1975) du regretté Moussa Haddad (1937- 2019). Autant de Ya Ouled que l'occupant a ghettoïsés dans les ruines de Dar el-Ghoula (la maison de l'ogresse) sise autrefois à Soustara, à l'avenue Debbih-Chérif (ex-Tournants Rovigo). Et c'est dans l'optique d'octroyer un rai de justice pour ces "Ya Ouled" que le bédéiste Benyoucef Abbas Kebir a mis en images l'épopée héroïque du P'tit Omar. "L'idée de conter les événements historiques et tragiques de notre révolution m'a été suggérée par l'éditrice Dalila Nedjem pour relater à l'aide de l'image l'épopée d'un essaim d'anonymes Ya Ouled, dont le récit du P'tit Omar (éd. Ingese 2017), cet éclaireur des z'niqat (venelles) de la vieille médina d'Alger", a déclaré l'auteur de l'intrigue policière de L'orchestre aux bananes (éd. Enal 1983). Et puisqu'on est dans la tragédie, notre interlocuteur a imagé également la brutalité policière à l'encontre de manifestants pacifiques qui ont été passés à tabac avant d'être jetés dans la Seine (Paris) sur l'ordre du préfet Maurice Papon (1910-2007) et qui a abouti à l'hécatombe du 17 octobre 1961 que l'on sait. "L'initiative d'évoquer en 17 bulles (éd. Dalimen) le récit de l'abominable tragédie qu'a subie dans sa chair notre communauté d'émigrés en France représente une première en Algérie. Et pour enseigner au mieux notre histoire à l'école, la BD du 17 Octobre 1961 a fait l'objet d'une diffusion sur l'ensemble des établissements scolaires et des bibliothèques de quartiers", a déclaré l'auteur des Légendes de q'bour roumia (éd. Madani 2007) que nous avons rencontré au stand Dalimen lors de la 12e édition du Fibda (1er au 5 octobre). Pour rappel, ce festival de bulles a coïncidé avec le demi-siècle d'existence de notre M'qidech national. À noter que l'anniversaire du personnage d'Ahmed Haroun a été rehaussé avec l'exposition de l'inégalable collection personnelle de l'écrivain poète Lazhari Labter. "Je fais le vœu d'offrir ma collection au peuple algérien au jour de l'inauguration du musée de la bande dessinée que notre pays n'a pas encore", a déclaré l'auteur de Laghouat, la ville assassinée (éd. Hibr 2018).