Le retrait de Sharon n'est pas un cadeau israélien pour les Palestiniens, mais le fruit de leur lutte, qui a poussé les Etats-Unis à faire pression sur Israël. À l'approche du retrait de Gaza, Israël est comme dans une sorte de veillée d'armes. Le mouvement antiretrait gonfle, mais semble bien retenu par Sharon qui redoute que des extrémistes de sa droite se livrent à des provocations antimusulmanes sur l'Esplanade des mosquées, dans la vieille ville d'El Qods, en vue de saboter ses engagements de retrait à Gaza et en Cisjordanie. Les activistes d'extrême droite projettent de pénétrer sur l'Esplanade aujourd'hui, à l'occasion de la commémoration du 9 du mois d'Ab dans le calendrier juif, journée de deuil, de jeûne et de prières sur le Mur des lamentations situé en contrebas de la mosquée Al Aqsa, troisième lieu saint de l'islam après La Mecque et Médine. Côté palestinien, Mahmoud Abbas a dressé son quartier à Gaza pour suivre de visu l'évacuation israélienne, qu'il souhaite dans le calme, et empêcher le Hamas de faire de la surenchère. D'ailleurs, le porte-parole de ce mouvement, Sami Abou Zohri, a déclaré hier que son parti n'envisage pas d'interférer dans la gestion de Gaza après son évacuation par l'occupant israélien, une manière de reconnaître l'autorité de Abbas qui a déjà obtenu de Hamas le respect de la trêve conclue avec Sharon. Hamas jure désormais qu'il ne sera pas un élément de désordre, annonçant ne pas renoncer à ses missions caritatives auprès de Palestiniens des zones isolées et appauvries par les colons israéliens. Hamas tient également à préciser que le retrait de Sharon n'est pas un cadeau mais la victoire de la résistance et du peuple palestinien car, selon lui, les négociations n'avaient jamais permis d'atteindre un tel résultat. Hamas, qui a élaboré un programme d'activités politiques pour l'après-retrait, dans la perspective des législatives, souhaite que Gaza soit géré par un comité national regroupant tous les partis palestiniens. L'autorité palestinienne, quant à elle, joue dans cette partie sa crédibilité. Des unités de la sécurité et de la police palestinienne ont commencé depuis hier à se déployer à proximité des colonies de Gaza. Si le transfert du pouvoir se passe bien, c'est tout bénéfice pour Mahmoud Abbas dont le souci est également de redorer l'OLP pour diminuer l'influence de Hamas. Pour James Wolfensohn, envoyé spécial du quartet (USA, Union européenne, Russie, Onu) chargé de superviser l'aide internationale à Gaza après le retrait israélien, l'opération doit impérativement réussir. Dans un entretien à l'agence France Presse, il a cité les conditions nécessaires pour développer l'enclave palestinienne. Gaza doit devenir une région où il sera possible d'entrer et sortir et commercer aussi librement que possible, dans le respect des impératifs sécuritaires d'Israël auxquels, par ailleurs, l'autorité palestinienne a souscrit. Gaza sera relié à la Cisjordanie car cette région représente plus de 70% des territoires palestiniens et un énorme marché de 2,2 millions de consommateurs. Le G8 a promis une enveloppe devant couvrir les besoins en investissements et en emplois pour quelques mois avant que l'autorité palestinienne présente un plan sur la période 2006/2008. Gaza, selon Wolfensohn, pourrait devenir un paradis pour le tourisme et bénéficier du gaz de la Méditerranée. Il faut, cependant, a affirmé l'envoyé du quartet, que Mahmoud Abbas soit reconnu comme l'autorité centrale et que son peuple y croit et ait confiance dans son gouvernement. À charge pour Abbas de pratiquer la bonne gouvernance. D. Bouatta