Pour lui, les dossiers sont programmés rapidement alors qu'ils auraient pu attendre jusqu'au mois de février puisque les mandats de dépôt ont été renouvelés pour quatre autres mois. Une des raisons d'espérer un dénouement heureux. Le procès de quarante et un détenus du hirak (port de l'emblème amazigh, pancartes et pin's) est programmé aujourd'hui au tribunal de Sidi-M'hamed, devant la chambre correctionnelle n°3. Dans une déclaration à Liberté, Me Abdelghani Badi, l'un des avocats constitués bénévolement dans le collectif de défense, entrevoit, dans le nombre important des dossiers enrôlés en une seule journée, une volonté de trancher, avant l'élection présidentielle du 12 décembre prochain, dans les affaires liées aux manifestants arrêtés et placés en détention préventive, pour des accusations sans fondement juridique. Les manifestants en question sont poursuivis pour "atteinte à l'unité nationale", sur la base de l'article 79 du code pénal. Alors que ce dernier ne fait pas du tout référence à la bannière amazighe ou à un écrit revendicateur. Pour Me Badi, l'accélération du processus judiciaire sous-entend aussi une velléité de "corriger une démarche et de libérer sa conscience du fardeau, ou peut-être cherche-t-on à restaurer la confiance dans la justice". Quelles que soient les motivations des magistrats ou de l'Exécutif, l'avocat ne s'inquiète pas de l'issue du procès. "Je suis optimiste. Je vous donne un indice simple. Les procès sont programmés rapidement alors qu'ils auraient pu attendre jusqu'au mois de février puisque les mandats de dépôt ont été renouvelés pour quatre autres mois." Il explique que le magistrat n'est astreint à aucun délai entre la fin de l'instruction dans le fond et l'enrôlement des affaires. Il souhaite, par ailleurs, que l'audience ne s'éternise pas. "Il est possible que le verdict soit prononcé le jour même, si les plaidoiries ne durent pas longtemps". Pas moins de 45 avocats se sont présentés pour défendre les onze détenus, dont les procès se sont déroulés les 24 et 25 octobre dernier aux tribunaux de Sidi M'hamed et de Bab-El-Oued. "Nous nous réunirons juste avant l'audience pour désigner un coordinateur et nous organiser de telle manière à avoir trois à quatre plaidoiries par dossier", explique Me Badi. Il est attendu, dans l'enceinte du tribunal, situé rue Abane-Ramdane, une affluence record des familles et amis des détenus, ainsi que des citoyens qui se mobilisent depuis des mois pour leur libération. Souhila H.