Si la manifestation hebdomadaire a déménagé devant le consulat général de Montréal, cela n'a pas influé pour autant sur le degré de mobilisation des Algériens au Canada. L'acte 38 de la révolution populaire a été, samedi, l'occasion de réitérer les revendications légitimes du hirak. Les slogans habituels sont scandés par les manifestants décidés à ne pas lâcher prise. La contestation s'est concentrée sur le rejet de l'élection présidentielle et la libération des détenus d'opinion. "Had el-âam, makanch l'vote" (Cette année, il n'y aura pas de vote), scande-t-on à tue-tête. "Pas d'élection sans transition", lit-on sur une pancarte brandie par un manifestant. "Pour une transition démocratique et pacifique", proclame une autre. Les chants patriotiques et les chansons engagées du hirak sont amplifiés par la sonorisation de circonstance. L'emblème national et le drapeau amazigh flottaient côte à côte dans le ciel gris de Montréal. Les organisateurs qui se sont succédé devant le micro ont insisté sur le maintien de la mobilisation, surtout à l'approche de l'élection présidentielle prévue le 12 décembre. "Il n'y aura pas de vote à Montréal", promettent les manifestants, visiblement revigorés par la réussite de la marche populaire du 2 novembre. Les détenus politiques ne sont pas oubliés par les hirakistes de Montréal. Leurs portraits sont exhibés par les manifestants qui ont exigé leur libération "immédiate et inconditionnelle". "Libérez les détenus d'opinion", réclame une pancarte d'une manifestante. Parallèlement au rassemblement de protestation, l'agora citoyenne abritait un débat sur les perspectives du mouvement populaire. Des propositions sont avancées pour voir comment faire capoter le scrutin présidentiel, d'ores et déjà disqualifié et rejeté par le peuple, en tout cas par la majorité du peuple algérien. À ce propos, des actions de terrain sont envisagées à Montréal pour réussir le rejet de cette élection à laquelle tient mordicus le pouvoir de fait. "Ce n'est pas le principe du vote que nous rejetons, mais plutôt les conditions qui entourent ce scrutin plus que controversé", fulmine un intervenant, qui voit dans la démarche du pouvoir une ambition de pérenniser le système. Il n'a pas manqué de revendiquer le départ des restes de la îssaba (bande) du système qui sont encore à la manœuvre. Par ailleurs, le Forum citoyen de Montréal devait tenir hier son assemblée bimensuelle où le rejet de l'élection présidentielle devait occuper l'essentiel des débats. De Montréal : Yahia Arkat