Le vendredi 22 novembre résonnera comme une date anniversaire, puisque le hirak bouclera, jour pour jour, ses neuf mois de contestation féconde et sans répit. Les marches que peaufinent déjà pour demain aussi bien les irréductibles du mouvement populaire du 22 février que les dizaines de milliers de citoyens anonymes revenus en masse à la contestation, après un léger repli, constitueront certainement un tournant décisif dans l'histoire du hirak. Pour la symbolique, ce 40e acte de la mobilisation populaire, en ce troisième vendredi depuis les mémorables manifestations du premier jour de ce mois coïncidant avec le 65e anniversaire du déclenchement de la guerre de Libération, célèbre aussi une date bien ancrée dans la mémoire collective des Algériens, celle du 22 février. Manifestations qui ont non seulement somptueusement revigoré le hirak, y compris dans des contrées où il était en perte de vitesse, mais ont aussi réconcilié les Algériens avec les valeurs révolutionnaires de Novembre, qu'épouse le mouvement citoyen pour le changement radical du système politique en place, ses figures, ainsi que le rejet de sa feuille de route imposant des joutes électorales factices. Demain, le vendredi 22 novembre résonnera donc comme une date anniversaire, puisque le hirak bouclera, jour pour jour, ses neuf mois de contestation féconde et sans répit, même si les moyens de dissuasion du pouvoir pour faire avorter le mouvement étaient iniques et d'une rare sévérité à l'endroit… du peuple. En témoignent la dernière vague d'arrestations, les condamnations et la répression dont ont été victimes des activistes du mouvement populaire aux quatre coins du pays et qui n'ont fait qu'alimenter davantage la mobilisation et élargir le cercle de la contestation, au moment où celle-ci prenait déjà une envergure détonante en raison de l'entame ratée de la campagne électorale. Et c'est précisément dans ce contexte qu'intervient ce quarantième vendredi, le premier depuis le lancement, dimanche dernier, presque dans la douleur, d'une campagne électorale qui s'avère jusque-là un exercice aussi dur que compromettant pour les candidats eux-mêmes. D'ailleurs, depuis dimanche, tout l'intérêt de la vox populi, des médias et des internautes était porté sur les circonstances et les péripéties d'accueil par les citoyens des prétendants à la magistrature suprême dans leurs escales respectives. Des images et des vidéos hallucinantes de rassemblements de citoyens, qui ont bravé le déploiement d'armadas répressives autour des lieux des meetings des candidats, ont inondé la Toile. Elles témoignent de la témérité de ces derniers à perpétuer le combat en poursuivant, même "dans leur sommeil", les cinq impétrants virtuels du palais d'El-Mouradia sans pour autant perdre de vue l'essentiel, le pacifisme du mouvement et les revendications de la "révolution du sourire" en l'occurrence. À ce titre, les étudiants et les citoyens qui ont massivement marché, avant-hier mardi, dans plusieurs wilayas du pays ont déjà donné le ton en affinant leurs slogans en attente de ce 40e vendredi, qui sera indéniablement particulier, et où la riposte citoyenne, après une semaine marquée par un déchaînement rarement égalé de la machine répressive et judiciaire contre les manifestants, sera entendue.