Les marcheurs ont renouvelé l'exigence d'instaurer un état civil et de droit selon la volonté populaire et non pas sur injonction du pouvoir qu'ils récusent. Sous un ciel menaçant et des pluies abondantes par moments, la mobilisation populaire à Constantine ne s'est pas limitée, en ce 36e vendredi successif de marche, à perpétuer la tradition établie depuis le 22 février dernier. Annonciatrice d'une prochaine déferlante pleine de surprises, elle fut, à vrai dire, une grande répétition avant le prochain acte qui coïncidera avec le 57e anniversaire du déclenchement de la guerre de Libération. "Rahou ja novembre" (Novembre est arrivé) était pour la circonstance le slogan phare de la marche d'hier, qui n'a aucunement dérogé aux précédentes, malgré les conditions climatiques qui ont laissé planer, durant la matinée, quelques doutes sur la capacité des Constantinois à défier les caprices de la nature. Des appréhensions vaines en définitive devant la détermination de ces derniers qui avaient déjà démontré dans des conditions de chaleur suffocante et de jeûne, autrement plus contraignantes, une détermination infaillible à pousser le pouvoir à revoir sa feuille de route et à céder les rênes du pays. Des demandes reconduites par la marée humaine qui a investi, hier dès 14h, les principales artères de la ville. Des femmes et des hommes qui donnaient l'air d'exercer leurs aptitudes à faire du prochain vendredi, le 1er novembre, un véritable tournant du mouvement populaire né il y a huit mois, tant il est vrai que cette date revenait sur toutes les lèvres. Et même si les avis étaient partagés sur les modes d'action à entreprendre vendredi prochain, entre ceux qui envisagent une grande ruée vers la capitale et ceux qui veulent que toutes les villes d'Algérie résonnent comme une seule voix en cette date historique, tous convergent néanmoins vers l'idée de réappropriation par le peuple de cette date qui devra constituer, selon la majorité, un véritable tournant dans l'histoire du hirak et, pourquoi pas, du pays en consacrant une rupture définitive avec le régime politique en place. Aussi, des slogans et des mots d'ordre qui ont évolué en ce 36e vendredi de mobilisation et que l'on retrouve sur des dizaines de pancartes uniformes, à l'image de "Nous ne céderons pas" ou encore "57 ans de pouvoir militaire, ça suffit". Et il va sans dire que le rejet catégorique de l'échéance électorale prévue le 12 décembre prochain, l'arrêt des harcèlements judiciaires contre les activistes du hirak, la libération des détenus d'opinion, l'indépendance de la justice, la liberté d'expression, la non-ingérence du militaire dans la vie politique et la justice sociale ont été le lot de préoccupations et doléances soulevées encore une fois par les marcheurs. En somme, ils ont renouvelé l'exigence d'instaurer un Etat civil et de droit selon la volonté populaire et non pas sur injonction du même pouvoir qu'ils récusent. Enfin, il y a lieu de noter que le député du Front de la justice et du développement (FJD), Lakhdar Benkhellaf, qui était présent parmi les marcheurs, a été poursuivi par des manifestants qui lui ont signifié que sa présence était indésirable, ce qui l'a obligé à s'éloigner tête baissée.