Les slogans oranais du 46e mardi de contestation estudiantine ont tourné autour du rôle de la justice et du respect des lois. Les manifestants, une centaine, ont défilé le long de l'itinéraire classique du hirak, empruntant la rue d'Arzew jusqu'au siège de la wilaya sous le regard indifférent, parfois hostile, des passants. "Qu'est-ce qu'ils veulent encore ?", est la phrase souvent entendue de la bouche de certains au passage de la foule qui a repris les slogans phare du mouvement populaire. Au cours d'une agora improvisée à la place du 1er-Novembre, les intervenants ont appelé à la libération de tous les détenus d'opinion et à la cessation immédiate de toutes les poursuites judiciaires contre les hirakistes alors que la nouvelle de la liberté provisoire accordée à Kaddour Chouicha avait fait le tour de tous les présents. Parmi ces derniers, Me Nabila Smaïl, du barreau de Tizi Ouzou, qui a fait partie du collectif de la défense du président du bureau d'Oran de la Laddh. À propos de défense, on a rencontré l'administrateur de la page "Awled Wahran", arrêté en décembre dernier et placé sous contrôle judiciaire. Kebir Farid lance un appel et indique avoir "besoin d'un avocat à titre bénévole pour plaider son affaire". Les manifestants ont appelé à la libération de la justice, fustigeant le ministre de tutelle : "Aâdalate tilifoune, Zeghmati walla far3oun" (Justice aux ordres, Zeghmati est devenu un potentat), "Sahafa horra, âadala moustaqila" (Presse libre, justice indépendante), a scandé la foule, vilipendant les appels ségrégationnistes. "Chaâb khawa khawa, lidarou fitna, mâa lkhawana" (Tous les Algériens sont frères et les tenants de la sédition sont avec les traîtres), ont répété les manifestants en reprenant l'indémodable "Dawla madania, machi âaskaria" (Etat civil et non militaire). La foule a également appelé à la libération de Tabbou et de Boumala, ainsi qu'à celle de tous les détenus encore en prison. Comme mardi dernier, on a noté une présence policière discrète tout au long de l'itinéraire avec la présence visible au niveau de la place des Victoires, à la jonction avec Saint-Pierre d'un 4X4 et d'un fourgon de la police. Arrivés devant le siège de la wilaya, des groupes de manifestants se sont détachés de la foule pour continuer jusqu'à La Casbah, la prison d'Oran sise à M'dina J'dida, pour attendre la sortie de Chouicha.