Trois hirakistes d'Oran qui estiment avoir été injustement condamnés par la justice ont interjeté appel, a-t-on appris auprès de Me Ahmed Mebrek, un des avocats du collectif de défense du hirak. Il s'agit de Nour Cherif Merabti, condamné le 24 décembre dernier, à une amende de 50 000 DA pour incitation à attroupement. L'étudiant en informatique à l'Usto Mohamed-Boudiaf, affirme avoir seulement exercé son droit à manifester et qu'il ne s'est rendu coupable d'aucun délit, ce 10 décembre quand il a été interpellé par les services de la police en compagnie de dizaines d'autres manifestants. Lors du procès qui a eu lieu le 17 décembre au tribunal correctionnel de Cité Djamel, le procureur de la République avait requis six mois de prison ferme. Bendiar Maâmmar, un des porte-drapeaux les plus en vue du hirak, a été arrêté la veille du 1er Novembre sur la place du même nom lorsque la police a brutalement dispersé les manifestants afin de faire place nette pour les festivités officielles. Maâmmar avait été arrêté en possession d'un cutter dont, expliquera-t-il plus tard, il se sert pour fixer ses drapeaux sur la hampe. Peine perdue, il sera jugé le 25 novembre pour port d'arme blanche et condamné à deux mois de prison avec sursis la semaine suivante, après mise en délibéré. Là aussi, le parquet avait requis six mois de prison ferme. Autre hirakiste à avoir introduit un appel, Ali Chaouch, jugé et condamné en décembre à une année de prison avec sursis pour attroupement, incitation à attroupement et outrage et violence envers institutions de l'Etat. L'homme avait été cueilli à la sortie d'une mosquée où il venait d'accomplir la prière d'el-asr lors de la 41e marche. Les éléments de police qui ont procédé à son arrestation, ont trouvé en sa possession des écrits appelant notamment à l'instauration d'un Etat civil et non militaire. Dans son cas, le procureur de la République avait requis 18 mois de prison ferme. Pour Me Mebrek Ahmed, les personnes condamnées pour avoir exercé leur droit de manifester, exprimé une opinion ou s'être élevées pacifiquement contre une situation de non-droit, doivent faire appel du jugement afin de mettre les institutions judiciaires devant leurs responsabilités. "Même une amende reste une condamnation et ces gens-là n'ont commis aucun délit. D'où leur décision, aussi courageuse que justifiée, d'interjeter appel", a-t-il précisé.