Les contestataires voient dans l'absence du changement le maintien en détention de citoyens pour leurs opinions, la répression et les interpellations qui continuent de s'abattre sur les manifestants. Les Oranais qui sont sortis hier à l'occasion de la 48e marche de la révolution en sont convaincus : une année après le début du hirak, la bande est toujours en place. Malgré l'empêchement du 5e mandat, la chute du clan Bouteflika, l'embastillement et/ou la condamnation de quelques-unes des principales figures du régime, l'élection présidentielle du 12 décembre..., le pays est toujours dirigé par le même pouvoir dont les Algériens demandent le départ depuis le 22 février 2019. "Goulna el-îssaba trouh, ya hnaya, ya n'touma" (Nous avons dit, la bande partira, ce sera vous ou nous), "(…) bernamej tekmili (…) houma yeddou el-pétrole, el-batata lezawali" , (... programme complémentaire... À eux le pétrole, au pauvre la pomme de terre), ont-ils notamment scandé pour dire leur refus de la situation dans laquelle ils voient la perpétuation du régime et l'éternelle confiscation du pouvoir. "Nous ne pouvons pas dire que rien n'a été réalisé en une année de hirak. Le peuple s'est quand même affranchi de ses peurs et a empêché un 5e mandat catastrophique pour le pays. Mais il reste que le pouvoir honni est toujours en place et que de nombreux symboles du régime sont aux commandes du pays. Or, la principale revendication du hirak est le départ de l'ensemble du pouvoir et non pas le replâtrage auquel nous assistons", a expliqué l'un des nombreux manifestants qui ont battu le pavé hier à Oran. Les contestataires voient dans l'absence du changement le maintien en détention de personnes, connues ou méconnues, dont le seul tort est d'avoir exprimé une opinion, la répression et les interpellations qui continuent de s'abattre sur les manifestants, l'interdiction de manifester imposée à certaines wilayas…, et d'autres signes qui les confortent dans leur conviction que la lutte doit se poursuivre : "Le slogan-phare du hirak qui est ‘yetnahaou gaâ' n'a pas encore été réalisé. Donc, le combat continue", a estimé un autre manifestant. Kaddour Chouicha et Toufik Hassani qui, on s'en souvient, avaient fait l'objet d'une inexplicable arrestation, mardi dernier, ont marché hier aux côtés de quelques milliers de personnes, sous la protection d'un important dispositif policier anti-émeutes que les autorités ont décidé de mobiliser chaque vendredi depuis les dérives de la 45e marche. Arrivés au siège de la wilaya, les manifestants ont pu (re)découvrir les photos, accrochés à un fil tendu entre deux palmiers, de martyrs et de moudjahidate de la guerre de Libération nationale. Renseignement pris, il s'agit d'une initiative d'un hirakiste qui a décidé de répondre à tous ceux qui appelaient les femmes à rester chez elles. "J'ai entendu des énergumènes exhorter les femmes à ne pas quitter la maison et les hommes interdire à leur épouse et filles de marcher avec nous. J'ai décidé d'accrocher les photos de ces martyrs pour montrer le rôle de la femme dans la guerre d'Algérie. Nous leur devons d'être libres", a ainsi expliqué le hirakiste.